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SPINOZA ET LE SPINOZISME
D’APRÈS LES TRAVAUX RÉCENS


I. Ad Benedicti de Spinoza opera quæ supersunt omnia supplementum ; Amsterdam, Fréd. Müller, 1862. — II. Baruch d’Espinoza zijn leven en schriften in verband met zijnen en onzen tijd, door J. Van Vloten ; Amsterdam, Fréd. Müller, 1862. — III. Spinoza, seine Lehre und deren erste Nachwirkungen in Holland, von Van der Linde ; Goettingen 1862. — IV. Spinoza et le naturalisme contemporain, par M. Nourrisson ; Paris 1866.

Ceux qui aiment à expliquer tous les faits de l’histoire philosophique et littéraire par les conditions extérieures, par le climat, par le milieu, seraient bien embarrassés de nous dire pourquoi le génie le plus spéculatif et le plus abstrait des temps modernes est apparu au sein du peuple le plus pratique, le plus industrieux, le plus solidement attaché aux choses terrestres qu’il y ait en Europe, pourquoi en un mot Spinoza est né en Hollande. Lorsqu’on visite ce pays si intéressant et si original, ces villes coupées de canaux, ces ports riches et vivans, ces grandes prairies plantureuses et vertes, ces digues, merveille du travail humain, on reconnaît et on admire partout une activité laborieuse, incessante, minutieuse, toutes les vertus solides de la vie commerciale et agricole, toutes les garanties du bonheur paisible : la santé, la propreté, l’aisance, la cordialité, vous sourient partout ; mais rien ne porte la trace de l’activité contemplative qui produit les Descartes et les Malebranche, les Kant et les Spinoza. Sans doute la pensée est sollicitée par le spectacle qu’elle a sous les yeux, seulement elle l’est du côté des questions pratiques, politiques, économiques ; on se demande d’où vient cette richesse, cette paix, cette liberté ; quant aux grands