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s’écrivaient sur le cylindre à côté de la courbe tracée par l’extrémité du muscle ; il suffisait de compter le nombre de vibrations inscrites parallèlement à une partie du tracé musculaire pour avoir immédiatement le temps correspondant à ce tracé. M. Marey a trouvé, par ce procédé, des vitesses de transmission qui variaient de 10 à 20 mètres.

Le courant nerveux se propage d’ailleurs plus lentement à des températures basses qu’à des températures élevées. Le docteur Munk a trouvé en outre que la vitesse n’est pas la même dans les différentes parties d’un nerf ; dans les nerfs moteurs, elle paraît augmenter vers le point d’attache du muscle. Enfin, d’après M. de Bézold, cette vitesse diminue quand le nerf est sous l’influence d’un courant électrique.

Il importait maintenant de répéter ces expériences sur l’homme. Voici de quelle manière on pouvait les conduire : un courant électrique produit une légère sensation de douleur en un point de la peau ; l’instant où le courant agit est marqué sur le cylindre tournant d’un chronoscope. Aussitôt que la personne en expérience ressent le choc, elle donne un signal en touchant une clé électrique, et une nouvelle marque se produit sur le même cylindre. On mesure l’intervalle compris entre les deux marques, et on a le temps écoulé entre les deux signaux. Ce temps, qui est de un à deux dixièmes de seconde, se compose de plusieurs parties : transmission de l’impression extérieure au cerveau, perception, réflexion, transmission de la volonté aux doigts, contraction musculaire qui en est la suite ; mais si on produit l’excitation successivement en deux points différens de la peau, ces retards sont toujours les mêmes, sauf celui qui provient de la transmission des sensations. Si, par exemple, on excite d’abord un point du gros orteil, puis ensuite un point de la région inguinale, la différence des retards observés représentera le temps que la sensation met à monter du pied jusqu’au milieu du corps.

Ces expériences ont été d’abord faites en 1861 par M. Hirsch, directeur de l’observatoire de Neufchâtel, au moyen d’un appareil qu’il serait trop long de décrire ici. La personne en expérience touchait de la main droite la clé électrique au moment où elle ressentait cette légère douleur, comparable à une piqûre d’épingle, que produit la pince d’une bobine d’induction lorsqu’elle touche la peau. La pince était successivement appliquée sur la joue, ensuite sur la main gauche, puis enfin sur le pied gauche. Le temps perdu par la transmission de cette excitation du point touché jusqu’à la main droite fut trouvé égal, dans les trois cas, à 11, à 14 et à 17 centièmes de seconde respectivement ; 3 centièmes de seconde étaient donc nécessaires pour que la sensation parvînt de la main gauche jusqu’à la tête, et 6 centièmes pour qu’elle y arrivât du pied. M. Hirsch en a conclu que le courant nerveux franchit une longueur de 2 mètres en 6 centièmes de seconde, ou bien 34 mètres en une seconde. Le docteur Schelske a repris ces expériences d’une manière plus