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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XXXIV.
LA VIE POLITIQUE.
I. - LES ELECTIONS ET LA CHAMBRE DES COMMUNES.



Quiconque jugerait par les apparences de l’étendue des privilèges de la couronne dans la Grande-Bretagne s’exposerait à plus d’une illusion. Si j’en crois le langage officiel, la reine est le chef de l’état, de l’église, de l’armée et de la marine. Toutes les branches du service public portent son nom et s’abritent sous ses insignes. « Fontaine de la justice et des honneurs, » elle est la source d’où sont censés jaillir les titres de noblesse, toutes les distinctions civiles et militaires. Sa personne est sacrée. Elle déclare la paix et la guerre, reçoit les ambassadeurs et signe les traités. Pour peu que l’on creuse sous la surface et que l’on pénètre au fond des choses, on ne tarde pourtant point à s’apercevoir que beaucoup de cette autorité fictive, s’évanouit dans la pratique. En Angleterre, tout se fait au nom de la reine, mais tout se fait en résumé par la nation. La prérogative royale est beaucoup moins une fonction dans l’état qu’une dignité. Le pouvoir de la monarchie réside surtout dans le prestige qu’elle exerce, et dans le caractère du souverain. La reine Victoria est respectée pour le rang qu’elle tient de sa naissance ;