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L’éloquence, l’appui de ses amis, le concours des intérêts qu’il représente, en un mot les armes dont ses adversaires se servent contre lui et avec les mêmes chances de succès.

Les électeurs ont décidé, c’est maintenant au nouveau parlement de s’assembler après un intervalle de quelques mois et d’être jugé à son tour par la nation.


II

Le nouveau palais du parlement (new homes of parliament) s’élève sur les bords de la Tamise, couvrant une grande étendue de terrain entre le fleuve sillonné par mille bateaux à vapeur et l’abbaye de Westminster, où la vieille Angleterre projette sur tout ce qui l’entoure l’ombre solennelle du passé. Quoique bâti dans le style gothique fleuri, cet édifice est tout moderne et remplace l’ancien palais, détruit en 1834 par un incendie. M. Charles Barry en fut l’architecte, et, si l’argent suffisait pour commander des chefs-d’œuvre, ce monument serait sans contredit une des merveilles du monde, car les millions n’ont point manqué pour le rendre digne d’une riche et puissante civilisation. Les avis peuvent bien différer sur la valeur de l’édifice au point de vue de la beauté architecturale ; mais, pour l’étranger qui arrive à Londres, cette énorme silhouette de massives tours et de tourelles, cette longue et imposante façade qui, vue du bord de l’eau, se profile terminée à chacune des extrémités par deux ailes en saillie, ces innombrables fenêtres ornées d’armoiries et d’arabesques, ces corps de bâtiment surmontés par des clochetons ou hérissés d’aiguilles de pierre, tout ne proclame-t-il point assez haut que là réside vraiment la souveraineté de la nation anglaise ? L’intérieur est aussi d’une grande magnificence. Des peintures murales, des décorations dont le style est plus ou moins emprunté à l’époque d’Elisabeth et des Tudors, des fenêtres à vitraux coloriés qui jettent un jour d’église sur les escaliers, les galeries et les couloirs, rien n’a été épargné pour donner à ces lieux occupés par les grands pouvoirs de l’état un caractère d’élégance sévère et de recueillement. Sans m’arrêter à de tels ornemens confondus dans la disposition générale de l’édifice, je voudrais tout de suite signaler quelques détails qui fussent de nature à donner une idée de la vie parlementaire chez nos voisins.

Ce palais est un club où chaque membre de la représentation nationale est en quelque sorte chez lui, et où, en dehors de la salle des séances, il peut très agréablement passer ses heures de loisir. D’abord n’a-t-il point à sa disposition une bibliothèque