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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/123

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CHRYSOSTOME ET EUDOXIE.


les noms d’Hérodiade et de Jézabel. Isaac, dans sa requête, reprit en dix-huit articles artificieusement cousus à ceux du premier libelle les faits déjà incriminés de violence, d’usurpation de fonctions, de manquement aux canons, ou aux usages de l’église, avec des circonstances nouvelles et des exagérations envenimées. Il y ajouta des paroles impies, des blasphèmes et (qui le croirait ?) une critique littéraire des sermons du grand orateur.

Ainsi il reprochait à Chrysostome d’avoir dit « que la table de l’église était pleine de furies. » — « Qu’est-ce qu’il entend par ces furies ? demandait l’accusateur ; il faut qu’il s’explique là-dessus. » On l’avait encore entendu s’écrier dans un de ses discours à propos d’une solennité où l’éclatante piété des princes avait rempli d’allégresse le pasteur et le troupeau tout entier : « J’aime, je meurs d’amour, je suis dans le délire ! » — « Jean expliquera ce que cela signifie, disait l’accusateur, car l’église ignore un tel langage. » Il accusait encore l’archevêque d’avoir blasphémé en disant que, « si le Christ n’avait pas été exaucé dans sa prière au Jardin des Olives, c’est qu’il n’avait pas bien prié, » d’avoir en outre excité les pécheurs au mal en leur présentant la pénitence comme facile et leur disant : « Péchez deux fois, péchez encore, et toutes les fois que vous aurez péché, venez à moi, je vous guérirai., » Or l’église n’admettait qu’une seule fois la pénitence publique.

« Dans ses entreprises contre les diocèses d’autrui, non-seulement Chrysostome, disaient les nouveaux libelles, avait jugé des évêques et des clercs sans les entendre, mais il avait élevé à l’épiscopat des esclaves d’autrui non affranchis et poursuivis pour crimes. Dans ses violences, il mettait en prison, chargés de fers, les gens qui ne lui plaisaient pas, et les y laissait mourir. Il avait agi de cette façon contre les non-origénistes en recevant des origénistes dans sa communion. Lui-même, Isaac, avait été maltraité sur son ordre par des hommes couverts de crimes. À côté de cela, il accueillait dans son église des païens, anciens persécuteurs des chrétiens, et il présidait à leurs réunions. Enfin (cela était pour la cour) il violait le saint devoir de l’hospitalité en vivant et mangeant seul ; il avait excité les séditions du peuple contre le concile. » Un des libelles le représentait comme un prêtre ignorant des derniers devoirs du sacerdoce, qui faisait communier les fidèles après leurs repas et baptisait lui-même après le sien. Ces dernières accusations le touchèrent beaucoup, parce qu’elles semblaient infirmer l’efficacité des sacremens qu’il avait administrés pendant son épiscopat, et il y répondit à plusieurs reprises soit devant le peuple, soit dans ses lettres.

Ces dernières articulations faisaient avec celles de l’archidiacre