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géographie de ces temps, travail d’une pénétrante érudition que de nouvelles recherches ont complété et rectifié. On peut également mesurer l’étendue du cercle dans lequel s’exerça l’autorité des pharaons et par suite l’influence égyptienne. Dès la plus haute antiquité, les Égyptiens furent en relation avec les peuplades de l’Ethiopie, et leurs expéditions dans la région du Haut-Nil se sont continuées pendant toute la durée de l’empire. Un monument du règne de Thoutmès III donne la liste de cent quinze de ces peuplades ordinairement désignées dans les inscriptions sous le nom générique de nations du midi. Au nombre des peuples de cette partie de l’Afrique, il faut ranger les Nehès ou Nahasu, que les représentations qui en sont données font reconnaître pour les nègres et que certains textes nous dépeignent comme buvant « l’eau du ciel, » parce qu’ils ne s’abreuvaient pas de l’eau du Nil. Les Nahasu apparaissent dès la VIe dynastie. Ainsi la race nègre existait déjà trois ou quatre mille ans avant notre ère, fait extrêmement important pour l’ethnologie. Depuis la vie jusqu’au commencement de la XVIIIe dynastie, il y a eu dans la Haute-Nubie plusieurs royaumes indépendans ; mais à partir du règne de Thoutmès III la plus grande partie de ces états furent soumis par les pharaons. C’est à une époque moins reculée que paraissent remonter les guerres des Égyptiens avec les populations asiatiques. Les premières avec lesquelles les Égyptiens entrèrent en relation furent naturellement les tribus du Sinaï. Snefru, le premier roi de la IVe dynastie, eut à les combattre pour établir ses ouvriers dans les mines de cuivre de Ouadi-Magarah. Ces tribus sinaïtiques sont appelées Menti-u par les textes hiéroglyphiques.

Dès la fin de l’ancien empire, des nations venues de régions de l’Asie plus éloignées inquiétèrent les Égyptiens, et les chefs de l’une d’elles s’établirent dans la Basse-Égypte, où leur domination dura quatre siècles ; ce furent les Hycsos ou pasteurs. Chassés par Amosis, le premier roi de la XVIIIe dynastie, les Hycsos rentrèrent en Asie, et s’y fondirent sans doute avec des peuples de même origine contre lesquels les monarques de cette dynastie et de la dynastie suivante se signalèrent par leurs exploits. Cette race des Hycsos se distingue sur les monumens égyptiens par de petits yeux, un nez fortement arqué, quoique plat, des joues osseuses, des lèvres épaisses. À cette grande famille appartenaient les Khétas ou peuples du Khet, qui habitaient le pays d’Alep et la vallée du Bas-Oronte, ainsi que l’a établi M. P. Buchère, et dont il est bien souvent question dans les hiéroglyphes. Ce sont les Kittim de la Bible, qui plus tard colonisèrent l’île de Chypre. La Syrie, la Palestine, la Phénicie, tombèrent sous la XVIIIe dynastie au pouvoir des Égyptiens. Thoutmès Ier leur imposa son joug ; mais plus tard se forma