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Les inquiétudes entretenues par l’état politique général de l’Europe détournent l’attention des intérêts de la politique intérieure. C’est là pourtant qu’il faudrait revenir afin de restaurer chez nous la vie publique. Toujours occupé de saisir les imaginations par des mesures générales, même en matière d’intérêts matériels, le gouvernement vient de mettre à l’ordre du jour un projet d’achèvement des chemins vicinaux. Certes la multiplication des voies de communication est un intérêt constant et de premier ordre. Les moyens financiers d’exécution sont la grande affaire. L’empereur a fait du plan financier conçu pour achever en peu d’années nos chemins vicinaux l’objet d’une lettre adressée au ministre de l’intérieur. Ce plan, pour un grand nombre de communes et de départemens, n’avancera pas beaucoup les choses. Au demeurant, sauf une petite allocation de l’état échelonnée sur quelques années, les dépenses retomberont sur les communes et les départemens. Toutes les communes, tous les départemens, ne sont cependant point dans des situations identiques sous le rapport des ressources. Les régions où la construction des chemins vicinaux est en retard sont justement celles où les ressources manquent. Pour couvrir la dépense, il faudra élever le maximum des centimes additionnels que les départemens et les communes sont autorisés à s’imposer. On a imaginé une nouvelle sorte d’institution de crédit pour avancer aux localités les sommes dont elles auront besoin et qu’elles amortiront en trente années avec le produit des centimes nouvellement ajoutés à leurs contributions. L’état eût pu, ce nous semble, organiser ce concours de crédit sous une forme moins onéreuse. La caisse des chemins vicinaux doit émettre des obligations trentenaires garanties par lui. Les obligations trentenaires sont le moins favorable des moyens de crédit dont il puisse disposer. D’ailleurs, dans la situation actuelle des choses, la caisse des dépôts et consignations fait déjà les prêts aux communes. On ne voit pas qu’à côté de cette caisse, dont les ressources considérables sont alimentées en partie par les fonds des communes, il fût nécessaire d’élever une institution nouvelle. Peut-être, dans un moment de stagnation des affaires et de diminution des profits du travail, n’était-il pas bien opportun d’envelopper dans une mesure générale des départemens et des communes à qui ne sourira nullement une dépense accompagnée d’une augmentation d’impôts.

La question financière devient en Autriche l’affaire urgente. Il y a d’abord à faire entre les deux parties des états autrichiens, la Hongrie et les provinces qui en sont séparées par la Leitha, le partage des charges de l’empire. Des députations représentant les deux aggrégations délibèrent pour fixer entre elles la proportion des charges. Les Hongrois, à qui on demande plus de trente pour cent de la somme totale, n’en veulent donner que vingt-cinq pour cent. Peut-être les représentans des provinces sont-ils un peu jaloux des Hongrois, et veulent-ils faire payer à la Hongrie quelque chose pour les privilèges dont elle jouit. Cette petite querelle