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diverses du parti progressiste et du parti démocratique s’unissant dans l’action sans avouer leur dernière pensée. Le but immédiat est clair, c’est le renversement de la reine Isabelle ; mais après ! où veut-on aller ? Est-ce à la république, est-ce à la monarchie sous une dynastie nouvelle ; est-ce à une régence, est-ce à l’unité ibérique ? Voilà l’obscurité. Il en est résulté ce quelque chose d’hybride qui n’est ni un mouvement militaire, ni un mouvement populaire, ni une insurrection républicaine, ni un soulèvement pour une royauté nouvelle. J’ajoute que l’insurrection actuelle ne saurait avoir quelques chances que si elle s’emparait de quelque ville importante dont elle pourrait faire un centre d’action, car pour les campagnes de la Catalogne, il ne faut pas s’y tromper, elles se soulèveraient plutôt à la voix d’un chef carliste. Cabrera aurait plus de chances que Prim.

Voilà donc où en sont les choses après quinze jours de confusion et d’obscurité. Si l’insurrection espagnole n’est pas aussi complètement vaincue qu’on le dit à Madrid, elle n’est point évidemment en progrès ; mais admettons même qu’elle soit définitivement abattue, que résulte-t-il de cette victoire du gouvernement de la reine ? Le ministère en a-t-il plus de force ? la confiance va-t-elle rentrer subitement dans les esprits au-delà des Pyrénées ? C’est là malheureusement le vice de cette situation, qu’une victoire ne tranche aucune difficulté et laisse l’avenir de demain tout aussi obscur. Le ministère lui-même sera peut-être plus exposé le lendemain que la veille, car il est pressé par toutes les influences absolutistes qui l’enveloppent, et le successeur du général Narvaez est peut-être déjà trouvé dans le général Pezuela, à qui reviendra la plus grande part dans cette victoire. Réaction, insurrection, ce sont les deux écueils entre lesquels se débat l’Espagne, faute de trouver des hommes qui comprennent qu’une politique vraiment, sincèrement libérale, est la meilleure et même encore la plus sûre contre des dangers qui renaîtront demain, si on parvient à les dominer aujourd’hui. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.

LES COMÈTES ET LES ÉTOILES FILANTES.

La même curiosité rétrospective qui pousse les géologues à fouiller le sol de la terre pour y lire l’histoire des âges passés s’est emparée des astronomes depuis qu’ils ont déchiffré la plupart des énigmes que les mouvemens compliqués des sphères célestes offraient à la sagacité humaine. Il s’agit maintenant de savoir d’où viennent ces corps et quel