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doctrine chrétienne. Je connais le bon esprit de ce cardinal, mais je me défie toujours de l’ergotisme de ses théologiens. En conséquence je lui ai demandé une conférence chez moi, en l’invitant à venir un jour discuter quelques objets intéressans. La conférence a eu lieu. Les articles agréés par votre majesté ont été lus attentivement. J’ai répondu à tout, et il a été convenu que la chose était excellente et nécessaire, et l’approbation des articles dont il s’agit a été définitivement arrêtée… »


Après avoir ainsi longuement entretenu Napoléon de, ce qui touchait exclusivement à sa personne et à son pouvoir, M. Portalis s’occupe enfin un peu dans cette seconde lettre de ce qui regarde « les réformes à opérer dans le rituel, des règles de police ecclésiastique sur les sépultures, sur les mariages, les sacremens, et la célébration des fêtes qui ne sont plus en rapport avec nos mœurs. » Il termine enfin en disant :


« Votre majesté peut être convaincue que tout mon temps et tous mes soins seront consacrés à terminer les objets qui ont des rapports essentiels avec le bien du service. Plusieurs fois les anciens souverains ont projeté et annoncé des changemens qu’ils n’ont pu jamais opérer. Dans les états voisins, on ne peut venir à bout de changer une liturgie. Il n’appartient qu’à votre majesté de tout entreprendre et de tout exécuter pour le bonheur et la gloire de la nation soumise à son empire et à ses lois[1]. »


S’il partageait les appréhensions de son ministre à l’égard du jugement que les théologiens de la cour de Rome pourraient porter sur le nouveau catéchisme, l’empereur savait d’avance à quoi s’en tenir sur les dispositions du cardinal-légat. C’était d’accord avec Caprara qu’il avait rédigé cette septième leçon du quatrième commandement. L’abbé d’Astros a toujours repoussé l’honneur d’y avoir mis la main. Des hommes considérables, des ecclésiastiques dignes de toute créance qui existent encore dans le diocèse de Toulouse, se souviennent parfaitement d’avoir entendu l’abbé d’Astros, devenu cardinal, raconter comment le légat Caprara fut avec l’empereur le vrai rédacteur de ces développemens insolites donnés aux devoirs des Français envers le chef de l’empire[2]. Ce qu’ils ont ignoré, ce dont ni M. Portalis, ni l’abbé d’Astros, ni les membres de la commission chargés de confectionner le nouveau catéchisme ne furent alors informés, et ce que le public de nos jours sera, je crois, étrangement surpris d’apprendre, c’est que loin d’être en rien autorisé par sa

  1. Lettre de M. Portalis à l’empereur au sujet du catéchisme, 11 mars 1806.
  2. Vie du cardinal d’Astros, archevêque de Toulouse, par le révérend père Caussette, p. III.