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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/413

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l’épiscopat et particulièrement au chef des évêques et des maîtres chargés d’enseigner à tous les fidèles, non-seulement pour ce qui regarde la substance du dogme catholique, mais encore pour ce qui regarde les mots, les expressions et la méthode, car celui qui a reçu le pouvoir d’enseigner a reçu également le pouvoir de choisir la méthode à suivre dans l’enseignement. Un seul mot peut avoir une grande influence sur la substance de la doctrine, et c’est pour des mots seuls, et sur l’usage qu’on en a fait, qu’il s’est élevé dans l’église de très graves discussions, qui n’ont pu souvent être terminées que par des définitions données par les conciles généraux ou par des jugemens apostoliques. Il n’appartient donc pas au pouvoir séculier de choisir ni de prescrire aux évêques le catéchisme qu’il aura préféré. Cela appartient au jugement seul de l’église. Ensuite sa sainteté pourrait encore bien moins tolérer en silence que le nouveau catéchisme que l’on proposerait aux évêques fût adapté à l’esprit du temps, comme on a lieu de le supposer. Le saint-père remarque avec une vive douleur que cet esprit du temps n’est que trop un esprit d’irréligion, d’incrédulité, ou tout au moins un esprit de nouveauté, d’indifférence et de penchant à adopter toutes les sectes chrétiennes. Il est impossible que l’empereur des Français, avec sa piété et sa religion, veuille suivre un pareil esprit, qui porterait d’ailleurs le désordre dans l’empire même, et donnerait occasion à des discordes et à des schismes qu’il a employé tant d’efforts à étouffer.

« Il sera donc digne du zèle de votre éminence que, comme évêque et comme légat du chef des évêques, elle s’emploie de tous ses moyens pour empêcher qu’un pareil catéchisme ne soit publié. S’il arrivait à votre connaissance que quelqu’un visât à surprendre la religion de l’empereur pour en obtenir l’autorisation de promulguer un catéchisme de cette espèce, que votre éminence n’hésite pas à prévenir sa majesté et à lui dire, au nom de sa sainteté, qu’elle se garde des auteurs de semblables conseils, et que le saint-père est persuadé qu’en matière de doctrine sa majesté impériale ne pense certainement pas à s’arroger une faculté que Dieu confie exclusivement à l’église et au vicaire de Jésus-Christ.

« Sa sainteté m’ordonne de dire à votre éminence pour sa gouverne que dans la partie du catéchisme renvoyée par ce même courrier qui a été lue et examinée, il s’est trouvé des inexactitudes, des défauts et beaucoup de choses qui auraient besoin d’être corrigées ; mais, admettant qu’on eût la facilité et le temps de l’approfondir et de l’examiner en entier, le saint-père n’en éprouverait pas moins une grande répugnance à faire ce que n’a jamais fait aucun de ses prédécesseurs, à savoir de prescrire aux évêques d’une nation tout entière l’emploi d’un même catéchisme pour les enfans, et dont il ne serait pas permis à un prélat de se départir selon les besoins de leurs diocèses réciproques… »