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Rien de plus clair, de plus précis, rien de plus impératif que ces termes de la dépêche du cardinal-secrétaire d’état prescrivant au nom de sa sainteté l’attitude que son légat devait prendre dans une affaire si importante, qui tenait une si grande place dans les pieuses préoccupations du souverain pontife. Cette manifestation solennelle de la volonté bien arrêtée de Pie VII était arrivée à son représentant à Paris, comme le prouve la date du 18 septembre 1805, longtemps avant que la commission ecclésiastique présidée par M. Portalis n’eût achevé ses travaux. Caprara était donc parfaitement à même de s’en servir pour arrêter toute chose, ou du moins pour calmer l’ardeur des membres de cette commission, la plupart fort dévoués au saint-siège. Il suffisait de leur montrer sa dépêche. La principale préoccupation du cardinal-légat fut au contraire de la tenir profondément secrète. Lorsque les travaux de la commission furent terminés, Caprara, qui n’avait point reçu d’autres instructions modifiant les premières, Caprara, qui n’avait pas mandé un seul mot à Rome de ce qui se passait sous ses yeux, annonça le 13 février 1806 à M. Portalis qu’il était autorisé à consacrer le nouveau catéchisme. Le 30 du même mois, il donna officiellement l’approbation solennelle et canonique qui précède le décret du 4 avril de l’empereur. Enfin parut non point encore le catéchisme même, mais un article dans le journal de l’empire annonçant qu’un catéchisme uniforme et obligatoire pour tous les diocèses de France allait être prochainement imprimé avec approbation officielle du cardinal-légat. Cette nouvelle tomba tout à coup au milieu de Rome apportée par la feuille française qui avait été distribuée à Paris le 5 mai 1806. Le secrétaire d’état avait été si bien tenu par le cardinal Caprara dans la plus complète ignorance de tout ce qui s’était passé en France depuis sa dépêche du 18 septembre 1805, qu’il commence d’abord par mettre en doute la vérité de la nouvelle contenue dans le journal de l’empire.


« Sa sainteté, écrit-il à Caprara, a lu dans les journaux un article relatif à la promulgation d’un décret du 4 avril sur le catéchisme général pour tout l’empire français et un décret de votre éminence qui approuve ce catéchisme et règle l’usage que tous les évêques de France doivent en faire. Votre éminence n’a rien écrit à ce sujet à sa sainteté qui l’ait autorisée à croire à l’existence de ce décret. Le saint-père se flatte que votre éminence n’aura pas perdu de vue tout ce que je lui ai signifié par son ordre dans ma dépêche du 18 septembre 1805 au sujet du catéchisme, lorsque, pour satisfaire à son très vif désir, je lui renvoyai celui qu’elle m’avait transmis sans qu’on eût pu en achever l’examen. Sa sainteté, dans l’hypothèse que la nouvelle donnée par les journaux serait