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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/475

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comme sur la Mer-Rouge et dans les mers de l’Inde, il n’est pas pris de mesures suffisantes pour que chaque bâtiment ne contienne que le nombre de voyageurs qui pourraient y être aménagés convenablement. Il en est de même au retour, dans des circonstances encore plus dangereuses. Or il est reconnu que l’agglomération insolite d’un grand nombre d’individus, même sains, et dans un lieu sain, produit souvent des épidémies. A plus forte raison en doit-il être ainsi dans les convois de hadji. Que le voyage se fasse par terre ou par mer en effet, il y a toujours une absence à peu près complète de soins médicaux. Comprend-on une troupe de deux à dix mille hommes voyageant de concert pendant quatre mois sans médecins, ni pharmaciens, ni ambulances ! Existe-t-il au moins une autorité assez forte et assez respectée pour faire prendre les précautions indispensables, assez vigilante pour s’en préoccuper ? La Turquie et la Perse placent leurs caravanes sous le commandement de chefs généralement bien payés ; il en est de même de la caravane de l’Yémen. Un certain ordre est observé dans la marche ; dans les signaux de départ et d’arrivée ; mais les sommes considérables que les gouvernemens de Constantinople et de Téhéran consacrent à cet objet y sont-elles intégralement employées ? Les émirs hadji font-ils les dépenses voulues pour se pourvoir d’un étatr major suffisant et pour avoir le monde nécessaire à l’observation de la discipline sanitaire ? Sans prétendre accuser personne, il faut bien reconnaître que le contraire est la règle ordinaire.

En supposant que les circonstances qui viennent d’être rappelées n’aient développé dans les caravanes aucune épidémie, il faut aussi s’enquérir des lieux d’où elles viennent. Les pèlerins qui arrivent de l’Égypte et de la Turquie n’apportent généralement avec eux, grâce aux quarantaines, aucun germe épidémique. En est-il de même de ceux qui viennent des bords du Gange, par exemple, d’où le choléra paraît originaire, ou simplement de Bombay, où il règne presque continuellement ?

Voilà les pèlerins arrivés tant bien que mal dans le Hedjaz. Je suppose que les voyageurs de Syrie n’ont vu se développer parmi eux aucune épidémie typhique ou cholérique, que le choléra ne s’est pas montré sur les bâtimens indiens, ou qu’il a seulement atteint quelques malheureux dont les corps, pendant la traversée, ont été jetés par-dessus le bord ; l’air pur de la mer a préservé les futurs hadji. J’admets encore que l’épidémie ne régnât pas alors dans le Nedjd, où elle désole quelquefois les régions basses. On n’est pas délivré des influences pernicieuses.

Avant d’arriver au terme de leur course, les pèlerins revêtent l’ihram. Ainsi que presque tous les usages religieux des