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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/50

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L’ALLEMAGNE
DEPUIS LA GUERRE DE 1866


III.
les progrès récens de l’agriculture en Prusse.


Presque tous les gouvernemens ont dérangé leurs finances et appauvri leurs peuples en entretenant de trop nombreuses armées. On gémit quand on songe que c’est pour des intérêts dynastiques, pour des conquêtes souvent funestes au vainqueur même ou pour un faux point d’honneur, qu’on pousse les peuples à s’entr’égorger, et qu’en temps de paix on consomme en armemens ruineux l’argent que le travailleur gagne avec tant de peine. Si tous les états obérés, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne, avaient le bon esprit d’imiter en ce point la Suisse ou les États-Unis, quel soulagement pour les contribuables ! Comme leur patriotisme, maintenant refroidi ou boudeur, se retremperait dans le sentiment de satisfaction que leur inspireraient un bien-être plus grand et un avenir mieux assuré ! En fait de dépenses militaires, la Prusse n’a pas été plus sage que les autres, et depuis le grand-électeur elle a toujours entretenu un nombre de soldats hors de proportion avec le chiffre de ses habitans ; mais du moins elle a donné à son armée une organisation économique et égalitaire, et ses souverains ont compris que, pour la soutenir, il fallait à tout prix développer l’agriculture. Tandis que les rois de France ruinaient les campagnes en bâtissant des palais, en fomentant un luxe insensé, en attirant la noblesse à leur cour, les