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mâle ? Il n’y a pas une seule raison à opposer à une mesure qui s’applique en Australie sans aucun inconvénient. On peut seulement dire : C’est une nouveauté ; mais nous vivons dans un siècle de nouveautés, et ce n’est pas devant la chambre des communes que le despotisme de la coutume peut être invoqué contre la voix de la raison, et qu’on sera blâmé de proclamer honteuse la notion qu’une moitié de la race humaine existe par le bénéfice de l’autre ! »


Cette audacieuse proposition, présentée inopinément et pour la première fois, rallia 73 voix contre 196. Quelques membres la soutinrent avec chaleur. On alla jusqu’à la déclarer une conséquence irrésistible du suffrage universel. Quand un esprit aussi élevé que celui de l’honorable représentant de Westminster se fait l’avocat de semblables causes et que 73 membres de la chambre des communes appuient sa motion, on peut,.sans être accusé de paradoxe, faire valoir tout ce que le vote des femmes apporterait de force à l’élément conservateur, sans lequel aucun gouvernement ne donnera la stabilité et la paix. Si la famille est la pierre angulaire de la société, la femme est la famille même. M. Stuart Mill a tenté aussi d’introduire dans le mécanisme représentatif une autre mesure éminemment conservatrice, la représentation directe des minorités. Depuis la publication, de son bel ouvrage sur le gouvernement représentatif, l’idée a fait assez de chemin pour que le parlement anglais, sur la motion de lord Cairns, ait adopté un premier et insuffisant moyen d’obtenir cette représentation. On ne peut traiter incidemment des questions de cette importance ; si l’on croit devoir les mentionner, c’est pour laisser entrevoir à quelles nouveautés l’opinion publique doit se hâter de réfléchir depuis l’introduction dans le monde politique de la plus grande nouveauté possible, le suffrage universel. Qu’il nous suffise d’avoir recherché, dans les combinaisons financières publiques ou privées qui se sont donné pour mission, de résoudre des problèmes sociaux de premier ordre, quelles sont celles qui peuvent être considérées comme donnant satisfaction aux progrès de la prévoyance et de l’initiative individuelles, aux droits de la justice et de la liberté.


A. BAILLEUX DE MARISY.