On dirait, pour l’accablement,
Thésée écoutant Théramène.
L’ennui, l’irrémissible ennui,
L’invincible ennui le gouverne !
Plus rien dans cet œil gris et terne ;
Ce qu’il veut, il l’ignore, lui !
Ou plutôt il le sait, mais n’ose ;
« Saute Choiseul, saute Praslin ! »
Dit en jouant d’un air malin
L’aimable fée aux doigts de rose !
Et tandis qu’elle raille ainsi,
La jolie et galante idole,
Lançant, comme une mousse folle,
Sa verve au nez du roi-souci ;
Le moricaud de Véronèse,
Le gnome pervers et bourru,
Dont les affreux instincts ont crû,
Contemple la scène à son aise.
Tout marche, et voilà cette fois
Qu’au flambeau du temps qui s’approche
Le carnavalesque fantoche
Juge des peuples et des rois !
« Pourquoi ce gaspillage infâme
Quand la misère est à côté ?
Pourquoi ce régal effronté ?
Que vaut cet homme, et cette femme ? »
Et sous le rideau de lampas,
Caché comme un tigre en sa jungle,
Singeant la Du Barry qui jongle
Avec les pommes du repas,
Il dit, rêvant à d’autres fêtes,
A d’autres banquets inouis :
« Saute Jeanne, saute Louis !
Après les oranges les têtes ! »
HENRI BLAZE DE BURY.