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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/980

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importe le jour où la maison de Hohenzollern ceindra la couronne impériale. Dès à présent nous sommes en présence d’une nation belliqueuse de 40 millions d’habitans, d’un état puissant dont la tendance est de s’étendre et de s’étendre à nos dépens. » M. Rieger démontre ensuite ce que personne ne lui conteste, c’est que la race allemande est à elle seule impuissante pour former une barrière contre les envahissemens de la Russie. Il faut se préparer à la résistance en armant toutes les races de l’Autriche (M. Rieger dit les nationalités), en leur donnant à toutes des droits égaux. Reprenant alors la théorie dite des nationalités historiques, l’orateur cherche à démontrer que l’Autriche la méconnaît en Hongrie en laissant aux Magyars le champ libre pour opprimer les autres races. On la méconnaît également à l’égard de la Turquie, où traditionnellement la politique autrichienne soutient la domination des pachas contre les tentatives d’émancipation des races chrétiennes. « Esprits bornés qui ne savent pas comprendre l’attrait dangereux que des pays voisins peuvent exercer sur les peuples de l’Autriche : ici des Roumains, si proches de la nouvelle principauté fondée à Bucharest par les Hohenzollern, là des Russes ou Ruthènes, frères de langue et de croyance des sujets du tsar ! » Il est visible que M. Rieger exagère les périls afin de faire valoir davantage l’intérêt que peut avoir l’Autriche à se concilier les Tchèques.


« Notre devoir, dit-il, est de nous tenir prêts à la lutte pour maintenir la monarchie autrichienne et notre nationalité au sein de la monarchie. L’intérêt des Magyars et des Polonais est le même que celui des Slaves. Il faut qu’ils forment une étroite alliance pour que l’Autriche subsiste ; mais, pour asseoir cette alliance, il faut renverser le dualisme de la Hongrie et des pays cisleithans. Ce dualisme peut bien se justifier historiquement, mais il perdra l’Autriche, parce qu’il constitue une menace pour les nationalités de l’empire. Comment veut-on que nous, nationalité indépendante, nous acceptions pour loi fondamentale le projet de loi sur les affaires communes préparé par M. Deák à Pesth. On parle de nous l’octroyer. Nous ne voulons rien d’octroyé par les Magyars. Il convient aux gens de Pesth de nous reléguer dans la Cisleithanie. C’est là une situation que nous n’acceptons pas. Nous voyons dans ce dualisme non-seulement une atteinte aux privilèges particuliers des pays de la couronne de saint Wenceslas, mais encore la révélation de tout un programme hostile aux Slaves. On les étouffe entre les Magyars et les Allemands. Eh bien ! eux aussi veulent être entendus. Leur voix est puissante, qu’on y prenne garde, car j’ignore au jour du danger ce que répondront des nationalités froissées dans leurs légitimes aspirations. »


Le chef du parti des jeunes Tchèques, M. Sladkowski, était plus