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l’intervention de l’intelligence. » Pour reconnaître la justesse de ces remarques, il suffit de lire ce que l’auteur raconte à propos des abeilles, des fourmis, des araignées et de bien d’autres animaux qu’on appelle à tort inférieurs.

Si le livre de M. Blanchard offre un grand attrait par le côté philosophique de toutes ces questions, que l’auteur s’attache à faire ressortir aussi souvent que l’occasion s’en présente, il n’est pas moins intéressant à un autre point de vue. Il nous fait entrevoir les immenses ressources que recèlent pour l’homme ces classes d’animaux encore si peu connues. La culture du ver à soie en est, on en conviendra sans peine, un exemple éclatant. Si l’Européen dédaigne aujourd’hui les insectes comme aliment, c’est là une antipathie sans fondement sérieux. Les Romains faisaient leurs délices des cossus ; les Chinois, les Malgaches, qui mangent les chrysalides de quelques lépidoptères, font peut-être preuve d’un goût plus raffiné que nous ne le supposons. A Mexico, on recueille dans le lac les œufs de certains insectes aquatiques, on les réduit en farine et l’on en confectionne des pains qui se vendent journellement sur les marchés de la ville. Ce sont là des exemples qu’il serait facile de multiplier.

Voici encore un nouveau volume illustré de M. Louis Figuier ; consacré également à l’histoire naturelle. Il comprend les poissons, les batraciens, les reptiles et les oiseaux[1]. Une exposition claire et animée, beaucoup d’anecdotes intéressantes, un nombre considérable de figures, le recommandent comme livre d’étrennes. On y trouvera les grandes pêches et différens genres de chasses décrits d’une manière attrayante ; les serpens et les crocodiles fournissent également à l’auteur l’occasion d’une foule de récits qu’on lira avec intérêt. Ce volume fait suite aux cinq, déjà publiés, qui font partie du Tableau de la nature de M. Figuier.

L’histoire et les légendes des plantes, qui a pour auteur M. J. Rambosson, réunit en bouquet ce que le règne végétal offre de plus intéressant au point de vue des applications et des usagés divers auxquels servent les plantes, sans perdre de vue le côté poétique et littéraire du sujet. De nombreux voyages ont d’ailleurs permis à l’auteur de faire quelques observations personnelles sur la végétation des tropiques, et de puiser dans ses souvenirs des détails peu connus ; grâce auxquels son ouvrage n’est pas une simple compilation. Nous citerons à cet égard la description de l’arbre du voyageur, espèce de bananier dont les feuilles s’emboîtent les unes dans les autres comme celles de l’iris, de manière à former à hauteur d’homme un vaste éventail. L’eau qui tombe du ciel et la rosée qui se condense sur l’arbre s’accumulent à la base des feuilles comme dans une citerne naturelle, et s’y conservent toujours fraîches ; il suffit de percer une feuille avec la lame d’un canif pour recevoir dans la

  1. Les Poissons, les Reptiles et les Oiseaux, par L. Figuier ; Paris, Hachette.