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ÉTUDES
DE MŒURS ROMAINES
SOUS L’EMPIRE

II.

LES DÉLATEURS.


L’empire romain est très légitimement sorti de la république. La plupart des institutions que nous croyons l’œuvre des césars sont plus anciennes qu’eux ; mais, en les empruntant au passé, ils ont eu soin de les dénaturer : elles étaient des garanties de liberté, ils en ont fait des instrumens de despotisme[1]. C’est ce qui arrive pour les délateurs. Ce nom sinistre est un de ceux qui caractérisent pour nous la tyrannie impériale. Il y avait pourtant des délateurs sous la république, dans la limite où un pays libre les comporte. — On sait que les Romains ne connaissaient pas cette institution qu’on appelle le ministère public ; ils n’avaient pas de magistrats spéciaux pour rechercher et poursuivre les délits au nom de l’état. Ce soin était remis aux magistrats ordinaires, et à leur défaut tous les citoyens avaient le droit de s’en charger. C’était un droit dont on usait très volontiers à Rome, surtout dans les momens d’agitation. La vie des hommes politiques se passait alors à attaquer et à

  1. Voyez la Revue du 1er juin 1867.