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VERSAILLES
LEGENDE

III. — LA REINE[1]


I


Le feu, la pique et le marteau
Ont forcé toutes les armoires ;
Les satins, les velours, les moires,
Couvrent la place du château.

Quelle cohue et quel spectacle !
On enterre la royauté.
Partout le peuple est en gaîté,
C’est le grand jour de la débâcle !

Le jour entre les jours prédits,
Le jour fameux, le jour suprême
Où le peuple se décarême
D’un long passé de vendredis.

Puisqu’elle est morte, joie insigne !
La royauté de droit divin,
Nous allons vendanger son vin
Et dévaster un peu sa vigne !

Huit cents ans près elle a vécu !
Elle a trépassé, bonne dame !
Que le diable donc ait son âme,
Et le chiffonnier son écu !

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1866 et du 1er octobre 1867.