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Et tous riaient du faux prophète,
Car pendant ce temps dans Strasbourg
Marie-Antoinette Habsbourg
Entrait au bruit des chants de fête.

Les salves grondaient sans cesser,
On lançait dans l’air des colombes,
Et lui voyait s’ouvrir les tombes,
Et des ossemens s’entasser !

Jetant l’épouvante et l’éclipse
Dans cet éclat éblouissant,
Soudain se dressait hennissant
Le cheval de l’Apocalypse

Avec son cavalier jaloux,
Le spectre à l’horrible faucille,
Qui, saisissant la jeune fille,
La décapitait devant tous,

Au bruit de cantates sublimes,
De refrains sanglans, inouis,
Dans le peuple entendus depuis
Aux jours de terreurs et de crimes,

Et dont ce gibier d’hôpital,
Ce pauvre fou, comment dirai-je ?
Durant la pompe et le cortège,
Eut le pressentiment fatal !

VI


Elle n’est que dauphine encore,
Le drame en sa vie est entré ;
Que sera le soir éploré,
Quand si morne apparaît l’aurore ?

Que seront l’automne et l’hiver,
Quand il a neigé sur les roses ?
Les causes succèdent aux causes,
Aujourd’hui valait moins qu’hier,

Et demain vaudra moins encore !
« Dieu nous aime, il nous sauvera ! »
On vole au nouvel opéra ;
On s’oublie, hélas ! on ignore,