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Ce bonheur-du-jour à secret
Dans ses tiroirs de bois de rose
Garde peut-être quelque chose…
Des lettres ? qui sait, un portrait ?

La fleur qu’en signe d’espérance
Cueillit Mirabeau, le tribun,
L’aigrette du duc de Lauzun,
Des cheveux des enfans de France !

Ce médaillon dans ce fouillis,
Et qui d’un lacs d’or s’enguirlande,
C’est le beau Fersen, ô légende !…
Passez, roses et fleurs de lis !

Collier de rubis qu’au théâtre
Le chevalier Gluck, pâlissant,
Prit pour une ligne de sang
Sur ce cou de neige et d’albâtre ;

Passez, éventails fracassés,
Émeraudes et perle fine,
Bracelets d’or de la dauphine,
Écrins de la reine, passez !

Influences pernicieuses,
Causes de tant de pleurs versés,
Rubis et diamans, passez !
Passez, ô pierres précieuses !

Vous par qui chacun la trompait,
Cailloux semés sur son calvaire,
Hélas ! de vous n’a plus que faire
Le cou de la veuve Capet !

Ce cou qui sous sa croix s’incline
Et qui n’aura plus à présent
Qu’un seul collier, affreux présent
De la mort sur la guillotine !

Elle a ou toutes les douleurs,
Essuyé tous les anathèmes,
Et dans les angoisses suprêmes,
Vu se tarir ses derniers pleurs.