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de dispositions de donner au roi plus qu’il ne lui en peut revenir, et qu’en portant leurs plaintes ils font voir un désir commun de subvenir par d’autres voies aux besoins pressans, et de faire tous les efforts possibles pour satisfaire sa majesté.

« Pour ce qui est de l’article compris dans l’arrêt du 17 septembre 1672, ils y envisagent l’anéantissement de leurs privilèges, si on leur ôte, après la parole, qui leur fut donnée, toute connaissance des édits qui pourraient les toucher. Il sera très difficile de les rassurer sur ce point. Comme de tous les édits et déclarations que le roi envoie dans ses provinces, il y en a qui sont pour ôter purement et simplement les abus, et d’autres pour en tirer des secours d’argent, je puis vous assurer que vous tireriez bien plus d’avantages de recevoir des offres que, nous pourrions rendre assez fortes pour que vous les trouvassiez raisonnables, que d’attendre l’effet incertain de poursuites qui consumeront la province en des frais immenses sans que sa majesté en profite de la moitié de ce qu’elle peut avoir sans embarras. Je suis encore obligé de vous dire que j’ai parlé aujourd’hui à plusieurs gentilshommes dont je me sers pour gouverner les autres : ils m’ont tous, témoigné le même désir de servir sa majesté, mais ne pouvoir plus s’assurer d’avoir le même crédit que par le passé, et m’ont même averti que le plus doux avis pourrait aller à envoyer au roi des députés, si nous n’avons pouvoir de donner quelque adoucissement aux maux qu’ils souffrent. Vous croirez bien, monsieur, que j’en détournerai l’effet par toute sorte de voies[1]. »

M. de Chaulnes reproduit fréquemment ces observations avec le sens d’un homme politique tempéré par la souplesse d’un courtisan, sans se préoccuper d’ailleurs des populations, qui ne s’agitent pas encore. Il revient sur l’irritation croissante de la noblesse, profondément dévouée au roi, mais très alarmée pour sa fortune. Il expose en détail les conséquences des édits qui la touchent, il insiste enfin sur ce qu’il y a de blessant pour elle à se voir, durant son séjour à Vitré, contrainte de se défendre à Rennes contre les arrêts de la chambre royale du domaine, au mépris d’un privilège constamment ; reconnu aux membres de cette assemblée, celui de ne pouvoir être cités en justice durant les dix-huit jours qui précèdent et qui suivent les tenues d’états. M. de Lavardin, lieutenant-général du roi dans la province, fait arriver de son côté des avis non moins pressants en faisant valoir[2], comme le duc de Chaulnes, l’avantage d’obtenir par un vote spontané une somme ronde, au

  1. Le duc de Chaulnes au contrôleur-général, 3 décembre 1673.
  2. Le marquis de Lavardin à Colbert, 26 novembre, 6, 9, 13 décembre 1673.