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qui en résulterait dans son escadre serait peut-être très long à réparer ; le combat de Lissa en a fourni la preuve.


II

Après avoir parlé des nouveaux instrumens que notre siècle a fournis à la guerre navale, il est opportun d’examiner comment ils tendent à se coordonner entre eux abord des bâtimens. Avant l’apparition de la vapeur et des nouvelles inventions, le programme des conditions nautiques et militaires, l’importance relative de tous les élémens constitutifs du navire de combat, étaient nettement définis. L’expérience et la pratique de longues années avaient tracé, pour la construction des vaisseaux, des règles invariables, qu’observaient avec un succès à peu près égal toutes les puissances maritimes. Depuis que l’ancien programme a dû s’harmoniser avec les nouvelles exigences, c’est dans les voies les plus différentes que les diverses nations ont cherché la pressante solution du problème nouveau ; partout l’absence de vues bien arrêtées sur une question qui était encore mal assise, le besoin d’innover et la crainte d’innover trop tôt se sont fait sentir en même temps, et c’est pour cela que nous avons vu paraître dans l’espace de quelques années les types les plus variés de bâtimens. Il est cependant d’une haute importance de fixer les principes qui doivent servir de règles à la construction des navires de combat, si l’on veut arriver à créer une flotte qui ait une valeur réelle, car la première condition que doit remplir une force navale, c’est de ne compter dans ses rangs que des navires homogènes. Tant qu’on n’aura pas déterminé d’une façon invariable le programme des nouvelles constructions, aussi bien au point de vue maritime proprement dit qu’au point de vue spécialement militaire, on ne pourra créer que des navires différait de type et de construction, qui n’auront pas entre eux l’élément de cohésion indispensable à des vaisseaux destinés à marcher de conserve.

Lès produits les plus bizarres des constructions maritimes se rencontrent dans la marine américaine. Au commencement de la guerre de sécession, les États-Unis ne possédaient qu’un nombre fort restreint de navires de guerre, qui étaient disséminés sur toutes les mers du globe. Les cuirasses venaient de faire leur apparition. Obligés de satisfaire dans le plus bref délai aux exigences de la lutte, ils s’attachèrent surtout à construire des bâtimens propres à opérer dans les baies et les grands fleuves qui sont répandus en si grand nombre sur la côte d’Amérique. Il leur fallait des navires de très faible tirant d’eau ; ils firent tout pour les rendre