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et un parti révolutionnaire sont une pure illusion, parce qu’au-delà des Alpes c’est tout le monde, à commencer par le roi, qui est révolutionnaire, c’est l’Italie nouvelle elle-même qui est la révolution vivante et permanente. La vérité est qu’au milieu de toutes ces divisions et ces confusions de partis il y a deux choses sur lesquelles cessent tous les dissentimens, — l’intégrité du programme national et l’inviolabilité des institutions libres. La réaction est un fantôme qu’on évoque quelquefois et auquel on ne croit guère. C’est par la liberté que l’Italie s’est fondée, c’est par la liberté qu’elle peut vivre, c’est par la liberté appliquée à la société religieuse comme à la société civile, selon le mot de Cavour, qu’elle peut arriver à résoudre les problèmes qui pèsent encore sur elle. Tout le reste n’aurait d’autre résultat que de conduire à des crises nouvelles. Quelle est après tout aujourd’hui la meilleure politique pour l’Italie ? Il n’y en a qu’une : ne pas se hâter, attendre, remettre vigoureusement la main à ses affaires intérieures, étouffer, si elle peut, toutes ces haines et ces animosités mauvaises conseillères qui sont la suite d’une déception, laisser à la force des choses le temps de reprendre son empire et de travailler pour elle, chercher enfin par tous les moyens à se guérir d’une cuisante blessure, à se rétablir de cette rude secousse dont les traces ne peuvent s’effacer si vite.

Ce que l’Italie a perdu, au moins pour un moment, dans ces derniers événemens, je le vois bien ; ce que la France a gagné, je ne le sais trop, et, si prompts qu’aient été ses succès, la politique française, il me semble, est la première à ne point s’exagérer l’éclat d’une campagne où elle n’a trouvé jusqu’ici d’autre avantage que d’essayer nos nouvelles armes de guerre sur les volontaires de Garibaldi. Sans doute la France a fait ce qu’elle a voulu en dégageant la signature qu’elle avait mise sur la convention du 15 septembre et en écartant du saint-siège le péril d’une agression violente. On peut dire que jusqu’ici tout a été pour le mieux dans la plus mauvaise des affaires. Et après ? C’est là que la question recommence et se relève tout entière ; c’est là que se montre de nouveau cette fatalité des situations fausses qui laissent après elles une traînée de difficultés, qui sont tout juste un peu plus embarrassantes le lendemain que la veille. Dans quelles conditions en effet reste la France ? Va-t-elle continuer jusqu’au bout et sans plus attendre ce rapatriement de nos soldats, qui a déjà commencé ? S’il en est ainsi, il est évident qu’elle a risqué beaucoup pour peu de chose, qu’elle a déployé une énergie bien disproportionnée avec le but réel qu’elle poursuivait, qu’elle va se retrouver en face de toutes ces espérances de restauration pontificale qu’elle a surexcitées sans avoir le dessein de les satisfaire. Elle montre, ce que je crois