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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 72.djvu/749

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parfaitement vrai d’ailleurs, et ce que je disais, que dans tout cela elle est unie à l’Italie par les idées et par les principes ; elle n’est liée que par un accident de dignité et d’honneur diplomatique à la conservation du pouvoir temporel. C’est justement ce que M. de Falloux indiquait avec une pénétration alarmée dans une lettre récente : « Je l’avouerai, disait-il, j’ai toujours cru, je crois encore que, moitié par condescendance, moitié par ancienne sympathie, le gouvernement français est d’accord avec le gouvernement italien sur le fond même des questions ; il n’est en dissidence que sur les questions secondaires de procédés et de dates… C’est là ce qui, à mes yeux, constitue le vrai péril… » Pour en revenir là, ce n’était pas la peine de faire un si grand effort.

La France au contraire reste ra-t-elle à Rome ou tout au moins à Civita-Vecchia tant que dureront les périls du saint-siège ? Alors c’est une occupation nouvelle, indéfinie, succédant à la seconde expédition de Rome, continuant à peser sur nos rapports avec l’Italie, et le rôle de la France pourrait devenir véritablement assez triste. Si la France veut n’être plus qu’une sentinelle muette, immobile, s’abstenant désormais de toute opinion sur le gouvernement, temporel protégé par elle, il n’y a plus rien à dire ; c’est un rôle d’abnégation qui peut mener loin. Si elle veut se mêler d’avoir une opinion, de prêcher de nouveau la conciliation, la nécessité des réformes, alors elle se heurte inévitablement contre toutes les difficultés qu’elle a rencontrées autrefois, qui ont fini par lasser sa politique, et que notre ambassadeur, M. de La Valette, résumait dans ces mots significatifs : « Lorsque la France, il y a six mois à peine, a invité le saint-père à s’entendre avec elle en principe et sans en fixer les bases sur une transaction destinée à assurer son indépendance, ses ouvertures ont été repoussées par une fin de non-recevoir absolue. Sa sollicitude ne s’est point lassée. Le gouvernement de l’empereur vient de formuler et de soumettre au saint-siège les propositions les plus explicites. Chargé de les transmettre, je constate avec le même regret qu’elles ont eu le même sort. » Voilà la question qui reste indécise après la seconde expédition de Rome, laquelle place encore une fois la France dans l’alternative d’avoir beaucoup risqué pour rien, ou de subir la fatalité d’une seconde occupation plus compromettante encore que la première.

Et la papauté, cette papauté victorieuse, raffermie en apparence, elle n’est pas en réalité dans une condition bien meilleure. Elle a trop de finesse pour se fier beaucoup elle-même à cette fortune inattendue, pour ne pas sentir l’équivoque sur laquelle repose son apparente victoire. Elle a tenu ferme, à la vérité, pendant un mois