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rencontre-t-elle point avec la vertu persuasive, dans les belles épîtres de saint Paul ? La traduction presque mot à mot de M. l’abbé Glaire montre que l’on pouvait se dispenser de recourir aux périphrases et aux ornemens empruntés de la rhétorique pour rendre le texte original en lui laissant et sa force et sa grâce. Nous n’avons point qualité ni compétence pour exprimer une opinion sur l’orthodoxie de la traduction ; mais l’approbation du saint-siège donnée en 1861 à la nouvelle traduction est une garantie plus que suffisante. On sait avec quelles précautions et avec quelle lenteur de procédure la congrégation de l’Index se prononce en ces matières. « Si l’on consulte, dit M. Glaire, les archives de la sacrée congrégation, on y verra que dans l’intervalle de plus de deux années notre traduction a eu à subir son contrôle direct et qu’au bout de cet intervalle deux évêques français des plus distingués ont été chargés officiellement par Pie IX de donner leur opinion motivée ; on y verra que les rapports des deux prélats, après avoir été discutés, sont devenus l’objet de nouveaux rapports faits au sein même de la sacrée congrégation, et qu’on a réuni et imprimé ces divers travaux (dont un, en particulier, n’a pas moins de 204 pages in-folio) ; on y verra qu’alors nous avons été appelé chez un consulteur, où nous avons dû, pendant plusieurs semaines, répondre tous les jours, dans des séances de trois à quatre heures, aux nombreuses et minutieuses difficultés contenues dans les divers rapports, et toutes relatives à la conformité de notre traduction avec la Vulgate ; enfin on y verra que ce n’est qu’à la suite de ce long examen qu’a été présenté à l’assemblée des cardinaux membres de la sacrée congrégation de l’Index un dernier rapport qui a été examiné et approuvé par eux pour l’être ensuite, en dernier ressort, par le souverain pontife. » Voilà certainement une censure à travers laquelle il est difficile que les erreurs et les irrégularités aient pu se glisser dans la traduction. Pour les lecteurs auxquels il s’adresse, M. l’abbé Glaire se pare avec raison des témoignages approbatifs qui lui ont été prodigués par les membres de l’épiscopat. Répétons en terminant que ce Nouveau Testament est édité avec beaucoup de soin et de goût. De belles gravures, d’après les tableaux de Raphaël, de G. Ferrari, de Francia, de Volterra, etc., accompagnent les textes qui ont inspiré le génie de ces grands peintres. S’il s’agissait d’un autre livre et si l’expression ne devait point sembler profane, nous dirions que la nouvelle édition sortie des presses de la maison Didot est parfaitement illustrée.


L. BULOZ.