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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 72.djvu/787

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distinction d’esprit, et qui a droit plus qu’un autre de trouver pâles nos paroles, puisqu’elle doit sentir que seule elle saurait peindre ce que seule elle a vraiment connu.


L. VITET.



Le Nouveau. Testament selon la Vulgate, traduit par M. l’abbé J.-B. Glaire[1].


Cette édition du Nouveau Testament se recommande tout à la fois par le nom du traducteur, par la beauté de l’impression, par le nombre et la perfection des gravures. Rien n’a été négligé pour qu’elle fût digne du public d’élite auquel elle est spécialement destinée. M. l’abbé Claire a consacré de longues années à cette œuvre d’érudition. Il a pris pour texte l’édition de la Vulgate, qui, dans l’opinion des principaux docteurs catholiques et protestans, fournit l’interprétation la plus exacte et la plus sûre de texte primitif. Nous possédons, en français, plusieurs traductions d’après la Vulgate : la plus répandue est celle de Lemaistre de Sacy, qui a été reproduite et paraphrasée par la plupart des éditeurs contemporains et notamment par M. de Genoude ; mais, selon l’appréciation de Bossuet, l’œuvre de Sacy a le défaut d’être trop littéraire et de ne pas être assez littorale. « Je vois avec regret, écrit l’évêque de Meaux au maréchal ce Bellefonds, en parlant de cette traduction, imprimée à Mons, que quelques-uns affectent de lire une version plus à cause des traducteurs qu’à cause de Dieu qui parle, paraissent plus touchés de ce qui vient du génie ou de l’éloquence de l’interprète que des choses mêmes. J’aime, pour moi, qu’on respecte, qu’on goûte et qu’on aime dans les versions les plus simples la sainte vérité de Dieu. Si la version de Mons a quelque chose de blâmable, c’est principalement qu’elle affecte trop de politesse, qu’elle veut faire trouver dans sa traduction un agrément que le Saint-Esprit a dédaigné dans l’original. Cette traduction aurait eu quelque chose de plus vénérable et de plus conforme à la gravité de l’original, si on l’avait faite un peu plus simple et si les traducteurs eussent moins mêlé leur industrie et l’élégance naturelle de leur esprit à la parole de Dieu. » M. l’abbé Glaire s’est inspiré de cette critique pour donner à sa traduction le mérite d’une scrupuleuse littéralité. Il y a réussi, en évitant l’obscurité et sans sacrifier la correction du style. Les évangiles, les récits et les paroles des apôtres peuvent en effet se passer d’ornemens. S’il était permis de les apprécier au point de vue littéraire et de les juger comme des œuvres humaines, on pourrait dire que la simplicité en fait le principal mérite, la force et le charme. Est-il rien de plus naturel et de plus saisissant que les scènes décrites dans les évangiles, et l’éloquence ne se

  1. Un vol. grand in-8o ; Paris, Firmin Didot.