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LES
ETATS DE BRETAGNE

V.
LA REVOLTE DU PAPIER TIMBRE.[1].

« Il s’éleva quelques séditions en Bretagne et en Guienne à cause des impôts que ces provinces, naturellement mutines ou plus jalouses de leur liberté que les autres, ne pouvaient souffrir ; mais ce n’était plus le temps de la minorité, et le roi qui était sur le trôné savait trop bien se faire obéir pour souffrir que ses sujets osassent s’opposer à ses édits dans le temps qu’il donnait la loi à ses ennemis. les plus coupables furent punis, et ceux qui furent épargnés rentrèrent dans le devoir[2]. » C’est ainsi qu’un historien contemporain, dont les termes ont été presque invariablement reproduits par la plupart de ceux qui l’ont suivi, par le des résistances qui mirent sous Louis XIV la capitale de la Guienne au pouvoir d’une insurrection et provoquèrent pour celle de la Bretagne des rigueurs que l’Europe ne connaissait plus. Les historiens du XVIIe siècle font disparaître la nation devant le prince à ce point qu’elle semble dans leurs récits se montrer impassible dans toutes les fortunes et devant toutes les résolutions du pouvoir. On dirait qu’elle n’intervient dans le drame que pour apporter à heure fixe le tribut obligé de son or et de son sang. Rien n’est cependant moins conforme à

  1. Voyez la Revue du 15 septembre, du 1er octobre, du 15 novembre, et du 1er décembre
  2. Histoire de Louis XIV, par Larrey, t. IV, p. 290.