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donnent une poudre dentifrice qui se débite à un assez haut prix.

L’éponge est également un produit méditerranéen ; mais c’est dans l’Archipel et sur les côtes de l’Asie-Mineure qu’on la trouve en plus grande abondance. Les naturalistes ne sont pas d’accord sur la nature de l’éponge, qui est animale pour les uns, végétale pour les autres. On sait que l’éponge est formée d’une matière ayant quelque analogie avec l’albumine et disposée en fibres très ténues, élastiques et enchevêtrées de façon à former un tissu mou, percé d’une multitude de canaux ramifiés dans tous les sens et soutenu par une espèce de charpente solide composée d’aiguilles calcaires. À l’état vivant, l’éponge est imprégnée d’une matière gélatineuse dont on la débarrasse par le lavage ; elle adhère au rocher par sa face convexe, à une profondeur de 10 ou 12 brasses. — Avant la révolution française, l’Angleterre et la France seules avaient le droit d’exporter les éponges de Syrie par l’intermédiaire de leurs consuls. Plus tard le gouvernement turc, tout en laissant la pêche libre, imagina d’exiger une redevance des pêcheurs et de se faire de cette façon un certain revenu ; mais l’absence de réglementation a eu pour effet d’appauvrir ces rivages, et de rendre les éponges plus rares et plus chères. La pêche, faite en grande partie par les habitans du littoral, commence ordinairement vers les premiers jours de juin et finit au mois d’octobre ; les barques sont montées par quatre ou six hommes qui, munis de harpons à trois dents, vont arracher les éponges aux rochers auxquels elles sont fixées, à 5 ou 6 kilomètres du rivage ; quant aux éponges fines, que le harpon détériorerait, ce sont des plongeurs qui vont les chercher au fond de l’eau et qui les détachent au moyen d’un couteau. Les principaux centres du commerce sont, pour les éponges de pêche turque ou syrienne, Smyrne, Tripoli et l’île de Rhodes, et, pour celles de pêche grecque, Syra, une des Cyclades. Les éponges ne sont point blanchies pour la vente, on se borne à les débarrasser du sédiment gélatineux qui les couvre. On en distingue trois espèces, les superfines, les fines-dures ou vhimousses et les grosses ou Venise. Les premières proviennent presque toutes de la côte de Syrie, et sont pour la plupart expédiées à Marseille par caisses de 20 à 25 kilogrammes. Cette ville est avec le Havre le principal entrepôt de ce commerce. L’exposition renfermait également une certaine quantité d’épongés communes provenant des Antilles françaises.

Il y a encore un grand nombre de substances utilisées dans l’industrie ou la médecine qui pourraient être considérées comme des produits de la pêche : telles sont certaines huiles, le blanc de baleine, la colle de poisson ; mais, comme elles exigent des préparations spéciales, elles rentrent naturellement dans la catégorie des