Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 73.djvu/707

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
ETATS DE BRETAGNE

VII.
LES ETATS SOUS LOUIS XV ET L’ADMINISTRATION DU DUC D’AIGUILLON.

La conspiration de 1719 et la répression terrible dont elle fut suivie eurent un effet assez puissant sur l’opinion pour laisser croire à Versailles que la Bretagne accepterait enfin les maximes et les formes de gouvernement appliquées dans les autres parties de la France[1]. Sous l’administration du maréchal d’Estrées, successeur de M. de Montesquiou, les états, jaloux de faire preuve d’une fidélité sur laquelle de récens événemens avaient pu laisser des doutes, redevinrent ce qu’ils avaient été durant le règne de Louis XIV, une assemblée de parade sans importance politique. Demeurée à peu près étrangère aux perturbations introduites par la régence dans les fortunes et dans les mœurs, rentrée dans le courant d’une vie monotone, cette province cessa durant près de trente ans d’occuper l’attention publique. On a dit que les peuples heureux n’ont pas d’histoire ; le mot s’appliquerait mieux aux peuples découragés.

A l’année 1736 remontent les premiers indices d’un réveil très faible encore de l’esprit de résistance dans l’assemblée bretonne. Sous l’inspiration du cardinal de Fleury, le roi promulgua le 26 juin, de sa pleine science et autorité, un édit pour régler les

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1807 et du 15 janvier 1868.