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de soutènement qui ont enfermé dans une vaste enceinte entièrement isolée l’Observatoire avec toutes ses dépendances.

De 1800 à 1829, Méchain, A. Bouvard, Arago, M. Mathieu, puis Nicollet, se livrèrent à des observations assez régulières du soleil, de la lune, des planètes et des principales étoiles. Vers 1829 cependant, le mauvais état du local rendait ces travaux de plus en plus rares, et l’on se vit à la fin obligé de les suspendre complètement. Dans le courant de 1831, la chambre des députés, instruite du véritable état des choses, s’en émut et vota spontanément une allocation double de celle qui lui était demandée. Arago, qui dirigeait l’Observatoire au nom du bureau des longitudes, fit alors refaire de fond en comble la salle destinée aux instrumens méridiens ; elle prit l’aspect solide et sévère qu’elle offre encore aujourd’hui. Les piliers des instrumens reposent sur un énorme mur de 2 mètres d’épaisseur et de 5 mètres de profondeur, établi primitivement pour soutenir la terrasse ; ce mur, qui traverse la partie basse de la salle de l’est à l’ouest, a été bâti avec un ciment de bonne qualité et ne forme plus qu’un bloc unique. Si ce local ne réunit pas toutes les qualités désirables, il abrite au moins les beaux instrumens qu’il renferme et permet d’en tirer un parti avantageux[1].

L’observatoire de Paris possédait depuis lors tous les instrumens de première nécessité, installés d’une, manière assez satisfaisante pour qu’il fût possible d’entreprendre une étude suivie du cours des astres. Toutefois d’autres inconvéniens assez graves commençaient à se faire sentir. Bâti autrefois sur des terrains en friche, l’Observatoire se trouvait maintenant enfermé dans l’enceinte de la ville, qui s’était étendue considérablement du côté du sud. Les vapeurs, la fumée, la poussière, le bruit, gênaient les observateurs ; les trépidations du sol causées par les voitures ébranlaient les piliers des instrumens, pour lesquels la stabilité est cependant la condition la plus essentielle. Aussi M. Biot fit-il entendre à plusieurs reprises qu’on devrait enlever l’Observatoire à Paris et le transporter en rase campagne ; il ajoutait, il est vrai, qu’une fois le nouvel établissement construit dans la solitude, on ne trouverait pas de moines pour ce couvent. Malgré ces circonstances défavorables, une pléiade de jeunes observateurs, parmi lesquels il suffira de citer MM. Faye, Goujon, Victor Mauvais, Laugier, Plantamour, Villarceau, se mettait à l’œuvre et accumulait peu à peu de précieux matériaux dont la science a depuis tiré profit. L’utilité de ces observations eût été encore bien plus grande, si on les avait publiées d’une manière suivie et sous une forme qui les eût rendues accessibles ; mais l’on se contenta longtemps de n’imprimer que les

  1. Un nouveau cercle mural de Gambey vint à cette époque s’ajouter à la lunette méridienne de Gambey et au cercle de Fortin.