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résultats immédiats de l’observation, sans aucune réduction ni discussion. La conséquence inévitable fut qu’on resta longtemps dans une illusion nuisible sur la qualité des instrumens et qu’on ne songea guère à en étudier les défauts ni à les perfectionner. Ce ne fut qu’à partir de 1854, quand l’Observatoire eut été enlevé au bureau des longitudes et placé sous la direction unique de M. Le Verrier, que l’on entreprit la réduction partielle des observations faites depuis 1800 ; les résultats de ce travail ont fourni la matière des dix premiers volumes des Annales de l’Observatoire[1]. En même temps les erreurs inhérentes aux instrumens devinrent l’objet d’une étude attentive et sérieuse. Une nouvelle lunette méridienne de 9 pouces d’ouverture fut installée en 1863 à la place du cercle de Fortin. Elle est pourvue d’un grand cercle divisé, de sorte qu’elle fait l’office d’une lunette méridienne et d’un cercle mural : elle peut servir à la fois à l’observation des passages et à la mesure des hauteurs. L’acquisition de ce bel instrument, dont le pouvoir optique surpasse celui de toutes les lunettes méridiennes connues, a permis d’accélérer considérablement un grand travail commencé depuis 1854, la révision du catalogue d’étoiles de Lalande. Déjà 15,000 de ces étoiles ont été observées à nouveau ; on espère que cette immense entreprise pourra être terminée en dix ans. La lunette de 9 pouces permettant d’aborder l’étude des petites planètes, l’observatoire de Paris et celui de Greenwich se sont partagé la surveillance de ce troupeau d’astres qui autrefois s’égaraient et se perdaient de temps en temps, faute d’avoir été dûment enregistrés ; on les observe à Paris depuis la pleine lune jusqu’à la nouvelle, et à Greenwich depuis la nouvelle jusqu’à la pleine lune. Il paraît même que le climat de Paris est assez favorable à ce genre d’observations, car l’année dernière on a obtenu à Paris 102 positions de petites planètes pendant que les astronomes de Greenwich n’en ont fourni que 33 pour leur part.

En dehors des observations méridiennes, il s’accomplit encore dans les grands établissemens astronomiques une foule d’autres travaux aussi importans que variés et qui exigent des instrumens d’une construction spéciale. La recherche d’astres nouveaux, — comètes et petites planètes, — peut à la rigueur être abandonnée aux amateurs ; une bonne lunette, une carte céleste très détaillée et beaucoup de patience, voilà tout ce qu’il faut pour entreprendre ce genre d’observations. Aussi voyons-nous Goldschmidt à Paris et M. Tempel à Marseille se faire un nom par les succès qu’ils obtiennent sur ce terrain malgré l’attristante exiguïté de leurs moyens d’observation. Aucun homme sérieux ne reprochera aux astronomes

  1. Ce qui reste à faire, c’est de former an catalogue général des étoiles observées à Paris. On n’a fait que le catalogue des étoiles dites fondamentales.