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Tandis que vive et pimpante,
Sur sa pente,
La sonate va courant,
La reine s’oublie et songe,
Et replonge
Au passé qui la reprend.

Elle se voit en famille,
Jeune fille,
Sous les grands lambris caducs,
Insouciante, adorée,
Entourée
De ses frères archiducs,

Essayant quelque enfantine
Sonatine
Sur un clavecin pareil,
Pour que sa maman auguste,
Quand c’est juste,
L’applaudisse en plein conseil.

Qu’elle soit à sa poupée
Occupée,
Qu’elle danse un menuet,
Qu’elle chante, qu’elle cause,
Toute chose
Lui réussit à souhait !

O la burg patriarcale
Sans égale,
Parmi les plus beaux donjons,
Où tant de ducs qu’on renomme
Vivaient comme
Au colombier les pigeons !

O les hôtes, les chers hôtes
De ces hautes
Tours construites autrefois
D’un granit impénétrable,
Moins durable
Que l’amour des bons Viennois !

Kaunitz, en robe de chambre,
Suant l’ambre,
Vieillard frivole et coquet,
Jouant, sans que la dépêche