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François-Joseph est dans une certaine perplexité. Il ne voudrait pas rompre avec Rome, ou plutôt il ne voudrait pas que Rome rompît avec lui ; mais d’un autre côté cette œuvre commencée, c’est la régénération de l’empire, et l’Autriche a fait d’assez amères expériences pour ne point aller chercher la sécurité et la force de son avenir dans les politiques surannées qui l’ont perdue.

Quoi qu’il en soit, ce serait, on en conviendra, une assez bizarre coïncidence que l’Autriche, pour vouloir se reconstituer, se trouvât un de ces jours vis-à-vis de Rome sur le même pied que l’Italie. Pour le moment, ce n’est pas de ses rapports avec Rome que l’Italie est le plus préoccupée. Elle est tout entière à la réorganisation de ses finances, et après bien des discussions, bien des hésitations, elle vient enfin de faire un pas sérieux. Le parlement de Florence s’est décidé à voter cette loi sur la mouture qui est un des élémens essentiels du plan présenté par M. de Cambray-Digny. Le parlement a voté la loi, c’est-à-dire, pour rester, dans le vrai, qu’il l’a approuvée article par article, mais que, par une de ces combinaisons subtiles que nécessitent souvent les transactions entre les partis, il a été convenu que la loi dans son ensemble ne serait définitivement votée que lorsque toutes les autres parties du plan ministériel seraient adoptées. C’est d’ici à quelques jours que le dernier mot de ces longs débats financiers sera dit. On aura pourvu aux plus pressantes nécessités du moment. Le déficit aura-t-il complètement disparu ? Il sera du moins assez notablement diminué pour n’être plus un cauchemar. Il restera alors pour l’Italie à réorganiser son administration, et par là, plus que par de vaines agitations, elle arrivera à compléter sa destinée, à pouvoir se montrer libre et prospère à ses amis et à ses ennemis. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.

LE GÉNÉRAL PONCELET.

Parmi les pertes si nombreuses que la science française a eu à déplorer, dans ces derniers temps, l’une des plus sensibles est celle qu’elle a subie par la mort du général Poncelet Comme géomètre, il avait réussi à reculer les bornes de notre savoir par des théories profondes ; comme ingénieur, il a rendu à l’industrie et à l’art militaire autant de services par ses inventions que par l’enseignement spécial qu’il a fondé dans nos écoles. Esprit éminemment prime-sautier, il a donné une impulsion féconde aux progrès des sciences mathématiques en les dotant de moyens