Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le coup d’état du 18 fructidor éclata. Camille Jordan était trop en vue pour n’en pas être victime. Il résistait à se dérober par la fuite : il fallut que son intime ami Degérando l’arrachât de son lit dans la nuit du 18 au 19, et l’emmenât dans une retraite sûre qu’il lui avait ménagée chez une amie généreuse, rue de la Planche. C’est là que fut composé l’écrit apologétique : Camille Jordan, député du Rhône, à ses commettans sur la révolution du 18 fructidor (Paris, 25 vendémiaire, an VI), ayant pour épigraphe ces vers consolans de Virgile :

O socii (neque enim ignari sumus ante malorum),
O passi graviora ! dabit deus his quoque finem.

Camille Jordan, dans cette adresse aux Lyonnais, a principalement à cœur de justifier ses collègues et lui-même du crime dont on les accuse, d’avoir conspiré contre la constitution. Il s’étend, pour commencer, et un peu longuement, sur la justification de Pichegru, le plus sérieusement compromis et dont la mémoire est restée entachée aux yeux de l’histoire. Il est plus heureux avec d’autres noms, et quand il en vient à ceux de ses collègues qui pouvaient être soupçonnés, pour tout méfait, de sentimens royalistes in petto, il y trouve sujet à un beau développement et qui rappelle l’orateur. Il ne craint pas de confesser cette forme de royalisme en l’expliquant, en la montrant compatible avec tous les devoirs et avec le respect pour la constitution en vigueur :