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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/705

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LES
IMMIGRATIONS PROTESTANTES
EN ANGLETERRE

The Huguenots, their settlements, churches and industries in England and Ireland, by Samuel Smiles ; London, John Murray 1868.

A voir le développement des docks, des chantiers de travail et des usines dans la Grande-Bretagne, on serait tenté de croire que la race anglo-saxonne s’est de tout temps distinguée par la pratique de l’industrie et du commerce. Les faits contredisent pourtant cette opinion. L’Angleterre n’était à l’origine qu’une nation pastorale et agricole. Ses richesses étaient dans ses prairies, dans ses gras pâturages s’étendant sous un ciel humide, dans ses groupes de moutons couronnant le sommet des collines à pentes douces et herbues, Encore les habitans ignorèrent-ils longtemps l’art de travailler la toison des brebis. « Les Anglais ne savaient pas plus tirer parti de la laine que le mouton qui la porte, » c’est le vieil écrivain Thomas Fuller qui nous le dit. Les draps, les serges et les articles de toilette étaient importés chez nos voisins soit des Flandres, soit de l’Allemagne et de la France. Les bêtes à laine se trouvaient d’un côté du détroit, et de l’autre s’élevaient les ateliers dans lesquels un produit naturel était transformé selon nos besoins et nos modes. La toison des moutons anglais passait et repassait la mer ; en effet, une grande partie de la matière brute revenait dans les îles britanniques, façonnée par la main des artisans étrangers. Comment