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LA
VIE AMÉRICAINE

New America, by Hepworth Dixon; 2 vol. Londres 1867.


I.

Voici un des livres les plus intéressans que nous ayons lus depuis bien longtemps sur l’Amérique, et tel qu’il serait désirable qu’il en parût de loin en loin sur toutes les grandes nations de ce monde, et particulièrement sur celles qui sont en voie de formation ou de croissance. Qui ne serait heureux en effet, parmi ceux qui s’intéressent aux destinées morales de notre espèce, qu’un observateur sagace et subtil se chargeât pour lui de deviner l’heure qu’il est réellement à l’horloge invisible qui marque la vie de telle ou telle nation, et de la lui sonner en jolies notes, d’un timbre musical et clair, précédées et accompagnées de fantasques carillons pendant lesquelles défileraient, comme dans les anciennes horloges gothiques, toute sorte de figurines amusantes? Tels sont l’utilité et l’attrait du livre de l’ingénieux M. Hepworth Dixon, New America. Pour qui sait lire, il dit en termes suffisamment clairs : L’heure suprême de l’ancienne constitution des États-Unis a sonné; l’œuvre que nous pouvions considérer comme l’élixir le plus pur de la sagesse et de la raison humaines ne pourra pas tenir longtemps contre la nécessité des faits. L’imprévu est venu déconcerter la logique, et l’accident est en train d’avoir raison de la sagesse.

L’auteur de ce livre est un esprit d’une curiosité morale aussi excessive que pleine d’impartialité. Tout fait l’attire, de quelque nature qu’il soit, et il n’est content que lorsqu’il a pénétré jusqu’à