Quand une femme résolue soutient ouvertement un homme faible, elle l’abaisse, elle ajoute à son impuissance en accroissant ses irrésolutions. Il semble qu’Agrippine ait été funeste à Germanicus, son mari, et au parti qui lui survécut, précisément parce que sa nature droite, entière, orgueilleuse, poussait toutes choses à l’extrême, et ne connaissait ni la mesure ni la patience; mais elle offre en même temps une physionomie noble et pure, elle a joué un rôle dans l’histoire, elle mérite un portrait à côté de Germanicus[1]. Il convient de se représenter avant tout quelle est sa triple origine. Elle est petite-fille d’Auguste, elle est fille de Julie, elle est fille d’Agrippa, c’est dire qu’elle a pris d’Auguste l’ambition et l’orgueil du sang, de Julie un tempérament qui sera contenu, d’Agrippa une énergie virile qui ne le sera pas et qui dégénérera en violence; d’ailleurs, vraie matrone romaine, vertueuse, simple, observant les anciennes mœurs, enfermée dans le mariage comme dans une forteresse, ne cachant rien, pas même son ambition, moins fière de sa jeunesse ou
- ↑ Voyez l’étude sur Germanicus dans la Revue du 1er mai.