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ment à la fin de chaque discours pour saisir une occasion qui ne venait jamais, virent arriver le vote sans avoir pu placer leur mot. Ils ont eu leur revanche dans la discussion sur la première résolution. Les hommes considérables y ont pris peu de part. Du côté des libéraux, on ne peut guère citer que M. Horsman, lord Hartington et deux hommes peu habitués à se rencontrer dans un même camp sur une question religieuse. L’un, doué d’une heureuse facilité de parole et de beaucoup de chaleur, d’opinions fort avancées, naturellement appelé comme catholique à ne traiter ce sujet qu’à la fin de la discussion, porte l’un des plus grands noms de l’Irlande : c’est O’Donoghue. L’autre est M. Whalley, d’ordinaire si ardent à dénoncer ce qu’il appelle les empiétemens de l’église catholique qu’on croirait y voir une hostilité personnelle contre le pape. Persuadé sans doute par ses électeurs, il a eu le bonheur de pouvoir résumer en quelques mots les motifs qui le décidaient à voter avec M. Gladstone sans renoncer à ses anciennes passions. Du côté des conservateurs, la discussion, longtemps languissante, est réveillée par lord John Manners, M. Walpole et lord Elcho. Les deux premiers, avec l’autorité d’hommes rompus aux affaires publiques, le troisième avec une rare vigueur, cherchent à rendre la vie aux argumens qui avaient déjà fait le fond de la discussion précédente. D’autres se sont complètement abstenus de parler, comme M. Fortescue, le secrétaire pour l’Irlande du dernier gouvernement libéral, qui n’avait ni à faire ses preuves comme orateur et comme homme d’état, ni à expliquer un vote conforme à son esprit éminemment libéral et aux opinions qu’il a professées depuis longtemps. Avant que M. Gladstone et M. Disraeli eussent fermé le débat par une dernière passe d’armes, le même député qui avait déjà ouvert la discussion précédente en demandant la lecture de l’acte d’union avait cherché de nouveau à l’embarrasser par le même procédé. Il avait proposé de lire le serment exigé des membres catholiques avant 1865, qui contenait la promesse, absurde et offensante pour celui à qui on l’imposait, de ne rien tenter contre l’église établie; mais de pareils moyens ne pouvaient avoir aucun effet. — l’opinion de la chambre était faite depuis longtemps ; après avoir patiemment accorde trois séances aux tirailleurs des deux camps, elle affirmait par 330 voix contre 265 le principe qu’elle avait déjà consacré quatre semaines auparavant.

Les deux autres résolutions de M. Gladstone ont été votées, et un premier pas a été accompli dans la voie qu’il a tracée. Il importe peu au fond même de la question et à notre point de vue que la décision de la chambre des communes sur l’église d’Irlande amène ou non un changement de cabinet. Que M. Gladstone siège sur le banc ministériel ou sur celui de l’opposition, qu’il présente