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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 75.djvu/533

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l’autre aux Arabes, c’est-à-dire à deux rameaux de la race sémitique. Vers la fin du IXe siècle, Arpad, élevé sur le bouclier, conduit d’abord ses bandes en Transylvanie ; ensuite, à la tête de 200,000 guerriers, il bat Swatopluk et s’empare du territoire qui fut appelé Hongrie, soit du nom de la ville de Hunvàr ou Ungvàr, forteresse des Huns, soit directement de Hunnie, pays des Huns[1]. Les Magyars nous sont représentés avec les mêmes caractères physiques que les Huns, petits de taille, bruns de peau, l’aspect effrayant, les yeux noirs et enfoncés, les cheveux rasés devant, braves, tirant fort bien de l’arc, féroces, mangeant le cœur de l’ennemi tué dans le combat et toujours à cheval.

Pendant un siècle, sous les successeurs d’Arpad, ils continuent à mener l’existence de barbares à moitié nomades, ravageant toute l’Allemagne, où ils tuent Léopold, duc de Bavière en 906, pénétrant jusqu’en Italie, où ils battent Bérenger, et rentrait dans leurs vastes plaines tout fiers de leurs exploits et chargés de butin. Étienne, leur premier roi (997), les convertit au christianisme, et reçut du pape Sylvestre II, en reconnaissance des services rendus à la foi, la fameuse couronne et le titre d’apostolique, porté encore aujourd’hui par l’empereur d’Autriche en sa qualité de roi de Hongrie. Étienne donna au pays des lois excellentes toujours invoquées, fit régner l’ordre et favorisa les progrès de la civilisation. Sous ses successeurs immédiats, la division du pays en comitats indépendans les uns des autres, les droits des villes qui se fondent, l’intervention législative des diètes, les lois civiles et ecclésiastiques, en un mot toute l’organisation politique du pays se fixa telle à peu près qu’elle est restée jusqu’à nos jours. Avec Coloman recommencent les conquêtes (1095) ; ce roi, dont le souvenir est cher aux Hongrois et dont ils aiment à porter le nom, Kalmán, réunit définitivement à ses états la Croatie, puis la Dalmatîe en en chassant les Normands, qu’il poursuivit en Italie jusque dans la Pouille. Il se fit couronner roi de Croatie et de Dalmatie à Zara-Vecchia. Étienne II (1114-1131) repousse les attaques de l’empire grec, chasse les Vénitiens de Zara et soumet les Russes, qui reconnaissent la suzeraineté de la Hongrie. Déjà un fils de saint Étienne prenait le titre de dux Russiorum, et au couronnement de Bela IV Daniel Romanowitz menait même le cheval du roi en signe de vasselage. Bela II, successeur d’Étienne II (1131-1141), conquit la Bosnie. Sous Bela IV (1173-1196), la Galicie invoqua une intervention hongroise, et depuis lors les rois de Hongrie ont pris le titre de roi de Galicie et de Lodomérie. C’est même en invoquant ces droits que l’Autriche coopéra au partage de la Pologne. André II (1205) fit la

  1. Les Hongrois appellent leur pays Magyarorszâg, c’est-à-dire Magyarie.