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lycées ! C’est pourtant à l’École normale qu’Eugène Burnouf a professé le premier cours de grammaire comparée qu’ait eu la France. Les élèves suivaient ce cours avec le plus vif intérêt ; il avait déjà produit les meilleurs résultats. Aussi s’empressa-t-on de le supprimer par économie. La grammaire ferait donc le fond des études de première année ; on y joindrait des explications approfondies de quelques textes difficiles, quelques notions de paléographie, pour rendre les élèves capables de se servir d’un manuscrit, et quelques connaissances philologiques et épigraphiques. De ces diverses sciences, on apprendrait les méthodes plus encore que les curiosités, de manière à éveiller les vocations, qui se satisferaient et se compléteraient plus tard dans les loisirs que laissera l’enseignement. La seconde et la troisième année pourraient rester ce qu’elles sont, l’une destinée à une sorte de revue de l’histoire littéraire, l’autre remplie par des exercices pratiques qui apprennent son métier au futur professeur et le préparent à l’agrégation. De cette sorte, chacune d’elles aurait son but déterminé et ses occupations nettement définies. La première année serait l’année de phdologie, la seconde l’année de littérature, la troisième l’année de pédagogie, et l’on peut affirmer que l’élève qui les aurait traversées toutes les trois avec le zèle et le soin qu’elles méritent serait en sortant un bon professeur de lycée et très propre à devenir plus tard un savant professeur de faculté.


II

Parmi les questions que M. Renan traite encore dans son livre se trouve celle de la liberté de l’enseignement supérieur ; il s’en est occupé plusieurs fois à propos du Collège de France. Cette question vient d’être posée et discutée avec tant de fracas, elle excite si vivement l’attention publique, elle a tant d’importance soit par elle-même, soit par les projets manifestes ou secrets de ceux qui l’ont soulevée, qu’il convient d’en dire un mot. Certes l’attaque a été vive et le parti qui demande la liberté de l’enseignement supérieur a paru la réclamer avec insistance. Cependant beaucoup de personnes hésitent à croire qu’il soit sincère et qu’il tienne veritablement à obtenir ce qu’il demande. La discussion du sénat ne peut pas nous aider à dissiper nos doutes. La querelle y a porté presque uniquement sur la doctrine de quelques professeurs, et dans l’ardeur de cette mêlée personnelle les principes ont à peu près disparu. Les cardinaux et les évêques qui ont pris la parole n’ont pas été très explicites sur la question générale. La première fois que M de Bonnechose a parlé, il a dit cette phrase qui laisse à penser :