de ce qui est, c’est le sentiment que la situation actuelle ne peut durer.
Qu’est-ce en effet que cette situation ? qu’est-ce qui règne à Madrid ? Ce
n’est ni un gouvernement modéré, ni même un gouvernement absolutiste,
ni bien entendu un gouvernement libéral. C’est un arbitraire capricieux
et violent, qui ne représente rien, qui vise à se tenir en équilibre
entre tous les partis en les comprimant tous, c’est un gouvernement
qui a la prétention de ne pas abolir complètement le régime constitutionnel,
et qui n’a d’autres alliés que tous les fauteurs de réactions, tous les
ennemis du système représentatif. Un changement est inévitable : il faut
que la politique de l’Espagne aille jusqu’à l’absolutisme pur, représenté
aujourd’hui par le général Pezuela, par M. Nocedal, ou qu’elle revienne
sur ses pas, qu’elle rentre dans les conditions d’un régime régulier,
équitablement libéral. Aller jusqu’à l’absolutisme, ce serait assurément,
pour un caprice éphémère, préparer une effroyable catastrophe. Il ne
reste donc qu’un retour sincère et résolu à la pratique des institutions
libérales ; mais comment ce retour peut-il s’accomplir aujourd’hui après
tant de crises qui ont jeté les partis dans la confusion ? C’est là justement
l’œuvre de ce rapprochement dont nous parlions, rapprochement
devenu assez sérieux pour effrayer M. Gonzalez Bravo bien plus qu’une
conspiration savamment organisée. Toute politique qui assurerait aujourd’hui
à l’Espagne un régime de tolérante légalité serait certainement un
très grand progrès ; c’est aux hommes appartenant à toutes les opinions,
h toutes les nuances libérales, de s’unir pour replacer leur pays dans
des conditions où il ne flotte pas sans cesse entre l’anarchie d’un despotisme
indéfini et l’anarchie des insurrections militaires. C’est à eux de
travailler en commun à fonder enfin le régime civil au-delà des Pyrénées,
puisque les chefs militaires qui ont été des chefs de partis, O’Donnell,
Narvaez, s’en vont et laissent la place libre. L’Espagne est en ce
moment dans une de ces situations où un pays ne peut pas rester longtemps
sans compromettre tous ses progrès matériels et son crédit moral
en Europe. ch. de mazade.
Une chaîne centrale, formée par l’ancien Hémus, et qui part de la Mer-Noire pour aboutir à l’illyrie, divise la péninsule turque en deux zones climatériques : au midi, des plaines arides en été, verdoyantes au printemps, des montagnes calcaires et dénudées où rampent quelques
- ↑ La Bataille de Kossovo, rhapsodie serbe, traduite par M. A. d’Avril ; librairie du Luxembourg.