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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/663

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scientifiques auxquelles il s’est livré sur les vers blancs. Lorsque, durant les mois de septembre et d’octobre, on prépare les terres qui doivent recevoir du colza ou du blé, presque toutes les larves se trouvent encore très près de la surface. Un premier labour peu profond pour les mettre à nu, un hersage énergique pour les écraser, voilà un moyen économique d’en détruire le plus grand nombre. Il faut se garder alors de labourer profondément, on ne réussirait qu’à enfouir les larves plus avant et à les dérober aux recherches ultérieures. Dans les années où le champ doit produire des céréales de printemps et des racines charnues, les façons qu’on donne à la terre en février et mars pour cet objet ne sauraient le plus souvent nuire aux vers du hanneton. Ils remontent trop lentement du fond de leurs galeries pour être atteints à ce moment par le soc de la charrue. On devra pratiquer une fouille afin de déterminer exactement à quelle distance de la surface ils se rencontrent. S’ils sont trop bas, le laboureur intelligent n’hésitera point à remettre le labourage à quelques semaines. Sans cette précaution, les larves, respectées par le soc et stimulées par l’élévation de la température et le développement des jeunes radicelles, viendront ravager les plantes trop tôt confiées à la terre. Il faudra donc, si les fouilles révèlent la présence de beaucoup de larves dans un champ, différer les semailles au moins jusqu’au mois d’avril. Dans la ferme de M. Reiset, on a pu, le 6 avril, atteindre la couche recelant les larves par un labour de 18 ou 20 centimètres, et trois semaines plus tard un labour encore moins profond amenait tous les vers blancs sur le sol. Si l’on n’est pas bien rassuré sur l’efficacité d’un premier labour, on peut en exécuter deux à des profondeurs différentes, en ayant soin chaque fois de faire ramasser derrière la charrue, par une femme ou mieux par deux enfans, les vers blancs que met à découvert le retournement de la terre. Ce ramassage est peu coûteux, le prix peut en être évalué à environ 5 francs par hectare. La quantité de vers recueillie est très variable, elle est parfois descendue de 25 à 5 kilogrammes d’un jour à l’autre. La moyenne a été par jour, dans la campagne de 1866-67, de 10 kilogrammes, représentant au moins 5,000 insectes. Les larves sont assez souvent agglomérées de distance en distance, et cela facilite beaucoup le ramassage.

Voici du reste, pour cette même campagne, les données numériques que M. Reiset a pu recueillir sur son domaine de Normandie. On peut considérer ces nombres comme différant assez peu de ceux que l’on obtiendrait en se livrant à des opérations analogues dans d’autres parties de la France. Certaines pièces de terre contenaient en moyenne 23 larves par mètre carré, soit 230,000 par hectare. Comme sur cette étendue on peut cultiver environ 100,000 betteraves ou 80,000 pieds de colza, chaque racine aurait donc été