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seulement de largeur. Les femelles ne manqueraient pas, trouvant à proximité de leur résidence un lieu si bien disposé et si tentant, de venir en foule y déposer leurs œufs. Presque toutes les larves de la contrée se trouveraient donc accumulées sur un seul point, où on pourrait facilement les détruire par des labours faits à propos. L’auteur de ce projet a remarqué que, dans les cinq ou six mois qui s’écoulent entre leur naissance et leur première mue, les jeunes larves vivent en famille. C’est donc à ce moment que l’on devrait, suivant lui, en faire la recherche. Plus tard elles se dispersent, ne trouvant plus autour d’elles de quoi suffire à leurs appétits croissans, et il devient plus difficile de les prendre. Il y aurait un autre avantage à les recueillir ainsi de bonne heure. Cela permettrait d’ensemencer la langue de terre qui sert ici de piège à hannetons, et d’y faire pousser des récoltes qui indemniseraient les entrepreneurs des frais de loyer et de culture.

Les agriculteurs placés non loin des forêts doivent prêter d’autant plus d’attention aux indications de M. Robert, qu’ils sont exposés d’une manière toute spéciale aux ravages des coléoptères. Il arrive souvent que les champs qui avoisinent un bois sont complètement dévastés. L’auteur du procédé que nous indiquons a précisément imaginé cette méthode après avoir constaté que les environs de Vincennes souffraient beaucoup plus de l’abondance des hannetons depuis qu’on y avait multiplié les défrichemens sur des espaces autrefois boisés. Les bois de Meudon et de Montmorency au contraire ont peu de hannetons, et n’infestent pas de larves les localités voisines. Cela tient à ce que le sol argilo-siliceux de ces forêts et des terres environnantes durcit beaucoup pendant les années sèches.

M. E. Hecquet d’Orval vient de publier dans les mémoires d’une société agricole d’Abbeville et de soumettre à l’Académie des sciences une intéressante notice sur le sujet qui nous occupe. Après avoir démontré par des faits irrécusables que les larves des hannetons, les vers gris et les chenilles ont fait perdre en 1866 40 pour 100 de leurs récoltes en moyenne aux agriculteurs de la basse Picardie, il met en avant à son tour, pour préserver les récoltes de ces ennemis redoutables, un moyen qui, appliqué avec persévérance, lui paraît propre à les détruire bientôt complètement : il propose d’intercaler dans les assolemens à intervalles plus ou moins rapprochés)une année de jachère pendant laquelle on pratiquerait cinq labours et des hersages nombreux. M. d’Orval montre que les quatre derniers, ceux de printemps et d’été, ramèneraient le plus grand nombre des larves à la surface du sol, où les ardeurs du soleil et le bec des oiseaux en feraient promptement justice. L’auteur ne manque pas d’ailleurs, pour recommander sa méthode, de faire