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L'ISRAEL DES ALPES
OU
LES VAUDOIS DU PIEMONT

III.
LES ANCIENS ET LES NOUVEAUX PROTESTANS.

Nous avons laissé la secte vaudoise à l’entrée du XVIe siècle, mutilée, réduite par les persécutions et les croisades antérieures, mais toujours retranchée sur la montagne sainte, d’où elle rayonne silencieusement par ses émigrans et ses prophètes sur l’Italie et la France[1]. Pendant les deux siècles qui ont précédé, d’autres formes de protestation ont éclaté dans le monde et ont détourné de celle-ci l’attention et les efforts de l’ennemi commun : d’abord la secte de l’Évangile éternel du Calabrais Joachim de Flore, puis les hérésies des fraticelli et des umiliati, nées en Italie au sein de ces ordres mendians et prêcheurs que Rome avait appelés à son secours et qui n’avaient pas tardé à se tourner contre elle, ensuite la secte plus politique que religieuse des arnaldistes, ainsi nommée de son fondateur Arnaldo du Brescia, qui ne voulait détruire que la papauté temporelle, enfin le terrible hussisme slave et ses deux subdivisions, les calixtins et les thaborites de Bohême, dont la dernière subsiste encore sous le nom d’unité des frères moraves. La grande église a été tenue en éveil par toutes ces oppositions, qui lui ont donné une

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1867 et du 1er avril 1868.