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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/176

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grand effet, deux, notamment en 1812, à propos de la misère des ouvriers de Nottingham. Tel n’est pourtant pas le monument le plus visible qu’il ait laissé dans la maison du parlement. A côté d’autres sujets tirés de Chaucer, de Spenser, de Shakspeare, de Walter Scott, figure dans ce qu’on appelle la salle des poètes (poets. hall) une fresque représentant la mort de Lara. Le génie est vengé[1].

La chambre des lords se gouverne elle-même en vertu de très anciens usages. Son président, qui est d’ordinaire le lord-chancelier (ce pourrait être au besoin le garde des sceaux) ne décide point, comme fait le speaker à la chambre des communes, de la régularité des procédures ; c’est l’assemblée qui se charge de prononcer en pareil cas. Chaque orateur adresse la parole à la réunion tout entière (my lords)[2]. Le sac de laine, en vertu d’une fiction légale, est même censé ne point faire partie de la chambre, et celui qui l’occupe pourrait présider sans avoir un vote. Quand il veut parler, le lord chancelier s’avance jusqu’au banc des ducs : c’est alors seulement qu’il entre, comme on dit, dans l’assemblée. Les pairs peuvent voter de deux manières, en personne ou par procuration, proxy. Présent, chacun d’eux se sert des mots content ou non content pour déclarer qu’il approuve ou qu’il rejette le projet de loi dont la discussion vient d’être épuisée. Absent, il exerce le même droit au moyen d’un papier signé qu’il a remis à un autre pair. Cette dernière forme de vote est hautement condamnée en Angleterre, et ne tardera pas sans doute à être abolie. Comment, se dît-on, un membre qui n’a point assisté aux débats est-il à même de se former une opinion raisonnée ? En dehors de la chambre, les pairs jouissent de certains privilèges. Ils ont le droit assez vaguement défini et assez illusoire en pratique d’entrer quand bon leur semble dans le palais du roi ou de la reine et de lui donner leur avis sur la marche du gouvernement. Ils ne peuvent être arrêtés pour dettes. Accusés d’un crime, ils ne seraient point jugés par les tribunaux ordinaires. Outre ces prérogatives, qui sont communes à tous, quelques pairs jouissaient encore, il y a un siècle, de

  1. Byron, on le sait, n’a pas laissé d’héritier à la pairie, mais un descendant de sa famille mourut, il y a six ou sept ans, à Londres dans des circonstances assez extraordinaires. Tout jeune, il était parti pour l’Australie, où il vécut longtemps d’un travail manuel. Cette manière d’agir lui fut-elle inspirée par des querelles de famille, des goûts excentriques ou le sentiment de l’égalité humaine ? On ne l’a jamais su. Toujours est-il qu’à son retour en Angleterre il exerçait le métier de charpentier dans le voisinage des docks, et vivait dans un petit cabaret dont il avait épousé la servante. Cette fin mystérieuse ajoute encore à l’intérêt romanesque d’une famille sur laquelle se portera toujours la curiosité des Anglais.
  2. A la chambre des communes au contraire, il s’adresse à celui qui préside, mister speaker.