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par suite de causes malaisées à définir nettement, n’est pas encore entré dans nos mœurs. Ces bibliothèques partielles n’ont, bien entendu, que peu de rapports comme richesse avec celle de la métropole de l’art, de Kensington. qui en même temps qu’une bibliothèque est un cabinet d’estampes, de dessins et de photographies ; mais on y a sagement introduit tout ce qui peut servir au développement du goût et des connaissances de l’artisan. Les livres de prix restent à demeure, avec les collections, dans les écoles spéciales ; les autres voyagent constamment et passent de ville en ville.

On se tromperait, si l’on croyait que le comité central prétend limiter le cercle de son action aux frontières du royaume-uni. Son ambition est plus haute et va plus loin. Dans l’intérêt de tous, il a entrepris à l’étranger une sorte de croisade en vue de faire exécuter un inventaire européen des richesses de tout genre contenues dans les galeries, les musées et les collections. Ce qu’il demande, c’est un catalogue particulier pour chaque ensemble qu’on puisse réunir en un catalogue général, comme on fait une histoire à l’aide de documens, de mémoires, de monographies. Il invite les municipalités de toutes les villes à contribuer à cette œuvre en dressant chacune pour sa part un répertoire de ce qu’elles possèdent de remarquable. A son instigation, des lettres sont parties du foreign-office, afin de prier les représentant de la reine à Dresde, à Paris, à Munich, à Berlin, à Turin, à Rome, de hâter de tout leur pouvoir cette entreprise, qui fait honneur à l’initiative anglaise.

Nous avons passé en revue les moyens, examinons les résultats qui ont été produits sous nos yeux. Dans le grand concours établi entre les nations en 1867, quel rang tenait l’Angleterre ? Nous ne parlons pas de l’exposition spéciale des arts, plus propre à étonner par son originalité qu’à provoquer l’admiration par des qualités extraordinaires. Il est évident, surtout pour ceux qui s’attendent à retrouver un reflet de l’art sculptural des Grecs dans son calme et sa sérénité ou de la peinture large et simple des belles époques, que le génie anglais, encore bizarre et tourmenté, ne s’est point signalé d’une façon victorieuse en ce sens. Si notre examen porte au contraire sur les industries où l’art joue un certain rôle, celle des tissus, des meubles, des faïences, l’impression sera différente. Sans doute on fera valoir que l’Angleterre nous a enlevé à grands frais bon nombre de nos contre-maîtres. Tenons-nous-en donc aux spécimens envoyés par les élèves des écoles. On ne trouvait guère, à vrai dire, dans la section anglaise que des travaux provenant de celle de South-Kensington et de celles qui correspondent avec le ministère de science et d’art ; mais c’est là