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industrielle de Laigle, celle de Mortagne, celle de La Ferté-Macé, qui suit Flers de près, ont aussi des titres. Dans le seul département de l’Orne, la Banque devrait avoir au moins cinq succursales. Chacun des départemens voisins, l’Eure, la Manche, le Calvados, pourrait en alimenter autant ; la Seine-Inférieure n’en aurait pas trop de huit ou dix. L’ancienne banque de Rouen, si elle n’avait pas été supprimée en 1848, aurait certainement aujourd’hui ce nombre de comptoirs.

Les institutions de bienfaisance sont actives à Flers. Il n’y a pas encore d’hôpital, mais de nombreux secours sont donnés à domicile. Les Petites Sœurs des Pauvres y ont une maison qui recueille et distribue beaucoup d’aumônes. L’état de la Caisse d’épargne et de la Société de secours mutuels montre d’ailleurs que l’épargne et la prévoyance y sont fort en honneur. La mendicité était autrefois un véritable fléau, aujourd’hui elle a disparu. M. de Magnitot, préfet de ce département, y a mis en pratique le système d’assistance qu’il a développé dans un livre couronné par l’Institut, et qui avait déjà réussi dans la Nièvre. Ce second succès, qui confirme le premier, devrait bien exciter l’émulation des autres préfets. Le département de l’Orne a versé en 1867 340,000 francs de souscriptions volontaires ; le canton de Flers, à lui seul, plus de 20,000 fr. Cette somme a permis de satisfaire aux véritables besoins. L’Association normande a décerné à M. de Magnitot une médaille bien méritée pour cette utile organisation.

L’enseignement primaire est très répandu. On s’occupe d’instituer un enseignement professionnel. La plupart de ces établissemens sont dirigés par des congrégations. La population de Flers est religieuse, les mœurs y sont régulières. On se plaint seulement du vice capital des populations ouvrières, l’ivrognerie ; mais les bons conseils et les bons exemples ne manquent pas, et grâce à la vie de famille on peut espérer de vaincre le fléau, ou du moins de le contenir. Un trait curieux peut montrer à quel état d’esprit est arrivé le peuple. L’Association normande avait établi des conférences publiques, où sont venus se faire entendre M. Gustave Lambert, M. Jules Duval, M. Ferdinand de Lesseps et d’autres ; 1,200 personnes remplissaient tous les soirs la vaste enceinte, et la grande majorité de ces auditeurs bénévoles qui écoutaient avec une attention intelligente et sympathique se composait d’ouvriers et de paysans.

L’exposition des beaux-arts avait un caractère sinon précisément local, au moins normand. Elle avait été organisée sous les auspices d’un peintre célèbre, M. Schnetz, dont la famille habite l’ancien château de Flers, et qui vient lui-même y passer l’été. La peinture et la sculpture ont en Normandie d’habiles représentans ; la patrie de Poussin n’a jamais oublié ce que ce souvenir lui impose. Des cours élémentaires.de dessin sont généralement attachés aux écoles. Quant à la musique, on peut presque dire qu’il y en avait trop ; chaque village avait envoyé son corps de musique qui défilait, bannière en tête, dès le point du jour