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fini, l’œuvre audacieuse de M. Gévelot aura probablement absorbé 2 millions. Se retrouveront-ils ? C’est ce qu’il est bien difficile de dire dès à présent. Les fermes de 500 hectares sont rares, mais elles ne sont pas sans exemple, même en France. Un produit brut de 300 francs par hectare, à moitié absorbé par les frais, suffira ; ce produit est obtenu et même dépassé dans beaucoup de grandes fermes. En tout cas, c’est le plus bel usage qu’on puisse faire d’une grande fortune qu’une semblable création. Il y a maintenant bien peu de provinces où ne se trouve quelque entreprise rurale de cet ordre. Pendant que les petits et les moyens capitaux désertent généralement les champs, les grands cherchent à y revenir. Les riches industriels surtout se font une sorte de point d’honneur de transporter dans l’agriculture la même hardiesse que dans l’industrie. Ce que M. Gévelot tente dans le Bocage normand, M. Cail le fait dans le Vendômois avec plus de largesse encore. Heureuse ou non, cette tentative aura de bons effets. Elle n’occupe que des terrains dont la petite culture n’aurait pas su tirer parti. Elle fournit des exemples utiles, sinon pour l’ensemble, au moins pour les détails. Les grandes haies auront moins de faveur quand on verra par la comparaison le mal qu’elles font. On apprendra que la culture de la betterave est possible, en la voyant réussir, on verra que le rendement du blé et de l’avoine peut être doublé, on reconnaîtra l’utilité des labours profonds, des drainages, des engrais supplémentaires. Même quand il critique le plus, le petit cultivateur profite sans s’en douter de ce qu’il voit ; ses idées s’élargissent, il devient un peu moins routinier et un peu plus hardi ; le travail des machines l’étonné et le fait réfléchir.

Le département de l’Orne occupe un des premiers rangs pour la longueur et l’état d’entretien de ses voies de communication, et le canton de Flers est une des parties du département qui ont le plus de routes. On y trouve aujourd’hui ce qui peut être considéré comme l’idéal à atteindre partout, un kilomètre courant de chemin par kilomètre carré de superficie. À ce beau réseau est venu se joindre une voie ferrée. Flers est une des stations du chemin de fer de Paris à Granville, terminé pour le moment jusqu’à Vire. Une autre ligne, de Caen à Mayenne, doit croiser celle-ci à Flers même, et une section de cette ligne nouvelle, de Flers à Condé-sur-Noireau, vient de s’ouvrir. Bientôt un autre embranchement, voté par le département de l’Orne comme chemin d’intérêt local, atteindra La Ferté-Macé. Ce coin de la France n’aura rien à envier aux pays les mieux pourvus de chemins de fer.

Enfin, malgré son simple titre de chef-lieu de canton, Flers a obtenu, il y a peu d’années, une succursale de la Banque de France. Rien ne prouve mieux combien il serait utile que la Banque multipliât ses succursales. Celle de Flers a fait 16 millions d’escomptes en 1867. D’autres points du département réclament la même faveur. Le chef-lieu, Alençon, qui a plus d’habitans que Flers, se plaint de cette préférence. La ville