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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/255

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parti d’agir là où ce n’étaient pas les arts du dessin qui se trouvaient en cause ? Les excellens articles sur la musique contenus dans ce dictionnaire ne visent pas à fournir la nomenclature des divers sentimens que la musique a le pouvoir d’interpréter, encore moins à analyser ces sentimens et à nous en donner les définitions exactes. Ils ont simplement pour objet de nous rappeler ou de nous apprendre par quels moyens techniques, en vertu de quelles règles et à l’imitation de quels exemples, on peut arriver à l’expression de l’idée musicale. Pourquoi cette méthode d’enseignement ne suffirait-elle pas dans le domaine des idées pittoresques ? À quoi bon compliquer celles•ci d’aperçus indirects et faire intervenir de temps à autre, dans un livre exclusivement consacré aux beaux-arts, des considérations d’un ordre plus général ou les éléments d’une encyclopédie ?

Quelque chose de ces préférences ou de ces exclusions assez malaisément explicables se retrouve dans les articles ayant trait aux personnages historiques, et dans le choix de certaines localités destinées à rappeler une époque principale ou un évenement considérable de l’art. À l’origine, — c’est la préface qui nous l’apprend, — on avait eu la pensée de développer bien autrement ces deux parties, et surtout la partie biographique. C’était risquer de rendre la tache interminable : l’Académie le reconnut après quelques années d’essai. Il fut décidé que les seuls noms propres à admettre seraient ceux des héros ou des hommes ayant servi de types aux monumens de l’art, et les noms des villes qui ont exercé une grande influence sur la culture des arts. Rien de mieux ; mais, le principe une fois posé, pourquoi des inégalités dans l’application ? Pourquoi consacrer des articles spéciaux à la basilique de Sainte Agnès, à Rome, et au mont Athos, et passer sous silence non-seulement Saint-Apollinaire in Classe, à Ravenne, ou tel autre édifice aussi beau de l’époque dite byzantine, mais même Assise, qui fut pourtant, au moyen âge, le premier foyer de la peinture italienne régénérée et comme le berceau de sa renaissance ? Pourquoi enfin, là où il s’agissait d’enregistrer les noms des hommes que l’art a immortalisés, s’en tenir à peu près aux souvenirs de la Grèce et de Rome, et, avant de nous entretenir d’Ampelus ou d’Antinoüs, ne pas faire au moins l’aumône d’une mention à Adam, qui, sans parler de ses autres titres suffisamment connus, a inspiré tant de grandes œuvres de la sculpture et de la peinture, depuis les bas-reliefs de la cathédrale d’Orvieto jusqu’aux fresques de Michel-Ange et de Raphaël au Vatican ?

On pourrait aussi noter çà et là quelques inexactitudes dans les citations ou, tout au moins, quelques erreurs matérielles. Ainsi à l’article Bible le nom de Geoffroy Tory, artiste célèbre surtout comme imprimeur et comme graveur en bois, figure parmi les noms des miniaturistes. Dans le même article, la date assignée à la lettre par laquelle un miniaturiste italien du XVe siècle se plaint du tort que font aux